La Nuit tombe sur Ambrebois
Compte-rendu n°7 – partie du 26
janvier 2021
La compagnie du Hibou Argenté :
- Annasthéa Serindë, l’archère
arcanique cherchant à faire renaître le vieux royaume de la Haute
Forêt,
- Quine Holimion la Prêtresse
de Corellon Larethian,
- Lotharo Siannodel, le chantelame en
quête de savoir
- Calidor Eaucalme le barbare
qui cherche à protéger le monde des lapins garous
- Snaefried Ombreuse, seule non-elfe du
groupe, une humaine roublarde des quartiers chauds de Solaun qui suit la
compagnie en recherche de richesses.
Le Bosquet des druides
Dronas et les aventuriers convinrent de se retrouver dès que
possible à l’Arbre Sacré. Le druide préparerait la cérémonie tandis que le
groupe irait récupérer son focaliseur au bosquet des druides.
Dronas leur donna l’emplacement de ce dernier : dans la
petite corne, la vallée même où ils avaient déjà rencontré le Chêne Rouge.
Après avoir pris congé de Dronas, le groupe redescendit la
falaise pour poursuivre son chemin.
« Tu vois, je te l’avais dit que ce serait plus simple
de redescendre. » dit Calidor à Quine avec un sourire béat.
La Compagnie du Hibou Argenté suivit l’aval de la
Ruisselante avant de bifurquer vers l’Est en direction de la Petite Corne. Arrivés
à l’endroit où ils avaient trouvé les corps des chasseurs, ils entrèrent dans
la vallée.
La Petite Corne était silencieuse comme le reste de la
forêt, mais c’était une partie encore plus sauvage de la forêt. Il fallut toutes
les connaissances d’Annasthea et de Calidor pour se frayer un chemin sans se
perdre dans ce dédale touffu. Ils marchèrent encore pendant trois heures avant
qu’enfin ils n’arrivent en vue du bosquet.
***
« Regardez cela, c’est superbe ! » s’exclama
Annasthea.
Depuis un amoncellement rocheux un torrent jaillissait sur
des terrasses naturelles autour d’un chêne majestueux, pour s’écouler dans des
petites mares tout autour. Des rochers couverts de mousse séparaient les mares
et formaient un escalier naturel (quoique glissant) qui permettait de rejoindre
les terrasses. L’harmonie du lieu et sa beauté étaient enchanteurs, mais le
silence pesant apportait une pointe de malaise que les aventuriers discernèrent
immédiatement.
« Là ! » fit Quine en se précipitant en
avant.
La clerc avait repéré un corps dans les herbes. C’était un
humain. Il était mort depuis plusieurs jours.
« Sans doute le druide Sekobor » fit Lotharo.
Des grincements sinistres se firent soudain entendre tout
autour d’eux. La forêt s’animait. Le groupe dégaina ses armes tandis que
grincements et craquement s’intensifièrent. Des arbres s’animèrent et s’avancèrent
vers eux. Les gardiens du bosquet semblaient tordus, corrompus, suppurant de
liquide noir et menaçant.
D’autres créatures, plus petites mais humanoïdes à la peau d’écorce
hérissée d’épines, des Epineux, jaillirent des fourrés. Annasthea tira sur le
premier qui descendait un des escaliers de rochers, le blessant à deux reprises
mais elle comprit bien vite que les flèches n’auraient que peu d’effet. Dans la
foulée, d’autres arbres s’éveillèrent et avancèrent pesamment en direction de
Quine. Snaefried ajusta un autre épineux
et le liquida d’un coup critique.
« Voila comment on fait » s’exclama la roublarde
satisfaite.
Lotharo entama la danse de l’épée et invoqua son sort de
flou tandis que Snaefried ouvrait le feu avec aussi peu de succès que l’archère
arcanique. Calidor lui s’était avancé sur la droite et avait traversé une mare
pour bloquer un arbre qui s’avançait.
Glissant sur les rochers le barbare manqua ses attaques et
fut cueilli par des coups violents. Hurlant son cri de guerre il entra en rage.
Snaefried fut rejoint par un arbre éveillé et prit un coup de branche qui la blessa et
décida de filer laissant Lotharo s’avancer pour protéger Quine. En se reculant
la prêtresse invoqua l’épée de lumière de Corellon Larethian qui manqua sa
cible mais elle toucha un des arbres avec sa flamme sacrée.
Le danselame subit une rafale de coups de branches et d’épines
de la part de deux arbres éveillés et d’un épineux. Heureusement il les évita
toutes grâce à son flou. La diversion permit à Snaefried d’éliminer l’Epineux,
soulageant un peu son compagnon.
Calidor subissait une masse impressionnante de dégâts de la
part des deux arbres éveillés qui s’acharnaient sur lui. Seule sa rage lui
permettait de tenir.
Derrière lui, Annasthea avait été engagée et blessée par le
dernier épineux. Elle lâcha son arc et dégaina sa rapière, qui ne fit pas grand
effet d’autant que son adversaire se régénérait.
« Et zut ! » Jura Annasthea.
Lotharo invoqua la lame de flamme verte pour brûler l’arbre
sur sa droite qui riposta mais toujours sans parvenir à toucher le danselame. L’autre
arbre fonça sur Snaefried qui fut encore blessée mais d’une roulade, la voleuse
se carapata en vitesse vers la droite pour se retrouver dos à dos derrière
Annasthea.
« Tu permets que je reste ? » fit-elle
ironiquement.
« Si c’est pour ramener des ennemis supplémentaires ce
n’est pas le moment ! » lui rétorqua l’archère arcanique sur le même
ton.
Quine courut vers Calidor en difficulté pour le soigner.
Lotharo recula pour garder les deux arbres à l’ouest sous sa menace.
« Il faut vite qu’on en éliminer un ou deux ! Le
flou ne va pas me protéger éternellement. » hurla-t-il.
Comme en réponse la roublarde, qui voyait sa consœur galérer
avec son épineux, épaula son arbalète et d’un coup critique explosa le crâne de
bois de ce dernier.
« C’est OK. » fit Snaefried avec un sourire taquin
à Annasthea qui grommela un juron en elfique en roulant des yeux.
Lotharo et Calidor fournirent un dernier effort, parvenant l’un
avec sa magie et l’autre avec ses coups de lame à détruire chacun un arbre
éveillé.
Le dernier arbre qui combattait le danselame échoua à le toucher
tandis que Lotharo le fracassa d’une lame tonnante en retour. Chancelante, la
créature fut achevée par l’intervention opportune de la lame de Corellon
Larethian guidé par l’esprit de Quine.
Calidor déchaîna sa fureur et avec l’aide d’Annasthea et de
Snaefried il vint à bout du dernier arbre éveillé.
Le bosquet avait retrouvé son calme et le groupe reprit son
souffle.
Reprenant leur exploration après s’être assurés qu’il n’y
avait plus d’ennemi, ils découvrirent un second corps, celui d’une elfe. Sans
doute la dénommée Nuan. Quine prononça quelques mots pour le salut de son âme
et de celle de Sekobor.
« on devrait… »
« Non ! » La coupa Annasthea tu sais que les
druides préfèrent que l’on ne touche pas à leur corps et qu’ils retournent à la
nature.
Quine jura avoir entendu Calidor pouffer de rire derrière
elle, mais elle serra les lèvres et n’insista pas.
Restait à trouver le focaliseur de Dronas à présent. Calidor se concentra sur ses sens magiques et
repéra un objet tombé au sol près d’un rocher. C’était une branche de bouleau torsadée en forme de serpent.
« C’est ça ? » demanda Calidor en le montrant
à Lotharo
« Evidemment ! Les deux corps ont leur focaliseurs
sur eux, donc ça semble évident que celui-ci soit celui de Dronas » Répondit le danselame sur un ton professoral.
« Au lieu de te moquer de Calidor, invoque ta hutte
magique Lotharo. Il nous faut nous reposer avant de rejoindre Dronas. » demanda
Quine.
« Si peu de considération pour mes talents ! »
s’exclama Lotharo faussement vexé.
Le danselame appela la hutte de Léomund et le groupe y passa
la nuit à l’abri. D’ailleurs la nuit dans le bosquet fut plutôt calme.
***
Le lendemain, nos compagnons se remirent en route.
Ils allèrent vers l’ouest sous la supervision d’Annasthea et
passèrent des collines avant de redescendre de l’autre côté et d’arriver en vue
du lac d’opal. D’après Dronas, à l’est
du lac il y avait une sorte d’étang avec une ile où se trouvait l’arbre sacré.
Ils descendirent la colline et s’enfoncèrent dans la forêt jusqu’au lac,
toujours sans voir aucun animal.
Puis, une fois sur les rives du lac, ils le longèrent par le
sud d’est en ouest jusqu’à arriver à l’étang. L’île occupait la majeure partie
de l’espace de l’étang qui était relié au lac par un petit bras d’eau. Sur l’île
trônait un arbre énorme et très ancien. Ses racines étaient profondes et formaient
un enchevêtrement occupant une immense surface. Bien que son feuillage fût
majestueux, tous ressentirent un mélange de tristesse et de malveillance. Une
immense entaille était bien visible sur le tronc, dont suppurait un liquide
noirâtre qu’ils reconnurent immédiatement.
Dronas les attendait. Il était occupé à mettre le rituel en
place.
« J’ai récupéré tous les composants et tout mis en
place. On peut commencer. Avez-vous trouvé mon focaliseur ? » Demanda
le Grand Druide.
Lotharo hésita.
« Vous êtes sûr qu’on peut lui faire confiance ?
Après tout on ne sait pas ce qu’il s’est réellement passé au bosquet. » Demanda-t-il.
« Mais oui, c’est un serviteur de la nature. » le
rassura Quine.
Le danselame lui remit à contrecœur le focaliseur.
Dronas les mit en garde. Une fois le rituel commencé, il est
vraisemblable que Malthuur fasse son apparition pour les empêcher de le mener à
bien.
Le groupe prépara ses armes et attendit.
L’avertissement s’avéra juste. Alors que Dronas entamait le
rituel par des psalmodies en langage druidique, les compagnons sentirent la
température chuter et le silence se faire. Après quelques minutes le brouillard
envahit toute la zone et un autre chant, plus sinistre répondit à celui de
Dronas. Plusieurs paires d’yeux fixèrent le groupe depuis le brouillard et une
silhouette décharnée émerga finalement
des brumes. C’était, comme l’avait décrit Ackerin, une sinistre parodie
de l’ancien grand druide : un humain décharné à la peau semblant faite d’écorce
et de chair putréfiée et suintant le mucus noir. Il portait une robe en lambeau
et une serpe luisant d’un pâle éclat. Sa tête était coiffée d’un crâne de cerf
et son visage rachitique, d’où pendait une barbe clairsemée était surmonté d’une
paire d’orbites vides, deux puits de noirceur qui promettaient cependant la
mort à ses adversaires.
Des animaux fous s’avancèrent : ours, guêpe géante,
loup sanguinaire sans oublier des arbres éveillés.
« Protégez-moi pendant que je mène le rituel à terme ! »
cria Dronas alors qu’un vent mauvais soufflait autour d'eux. « S’il les a
convoqué si vite, cela lui a coûté beaucoup d’énergie, il faut en profiter ! »
La compagnie du Hibou Argenté allait devoir défendre
chèrement sa vie.