Fragments du Passé
Compte-rendu n°2 – partie du 22 février 2021
La compagnie du Hibou Argenté :
- Annasthéa Serindë, l’archère arcanique cherchant à faire renaître le vieux royaume de la Haute Forêt,
- Quine Holimion la Prêtresse de Corellon Larethian,
- Lotharo Siannodel, le chantelame en quête de savoir
- Calidor Eaucalme le barbare qui cherche à protéger le monde des lapins garous
- Snaefried Ombreuse, seule non-elfe du groupe, une humaine roublarde des quartiers chauds de Solaun qui suit la compagnie en recherche de richesses.
Le siège d’Ambrebois
La horde de cadavres titubants s’avança vers la palissade. Derrière ce flot de squelettes et de zombies, une seconde ligne composée d’orques avançait prudemment. Certains étaient armés d’arcs et couvraient l’avance du reste des troupes. Çà et là des géants avançaient nonchalamment sans se presser, attendant l’ordre pour entrer en scène.
Les défenseurs ouvrirent le feu, mais il n’y avait pas assez d’arcs pour équiper tout le monde sur le rempart. Quine se précipita en bas pour organiser un hôpital de campagne mais la panique avait gagné les civils qui couraient en tous sens ce qui ne lui facilita pas la tâche. Annasthea courut, elle, vers la caserne où les volontaires s’agglutinaient dans la confusion pour récupérer une arme. Avec autorité l’archère arcanique prit le commandement de la zone et organisa une distribution rapide et une répartition optimale des soldats, au grand soulagement du sergent présent.
Pendant ce temps l’ennemi avait atteint la palissade et se massait pour la grimper. Lotharo attendit le bon moment puis déclencha une boule de feu qui carbonisa un bon nombre de morts vivants.
Dederick ordonna des salves supplémentaires et courait sur toute la palissade pour encourager ses hommes, mais la démonstration de force du danselame avait déjà ravivé le courage des troupes tout en offrant un répit salutaire. Lotharo continua de circuler sur le chemin de ronde sud, lançant une boule de feu chaque fois qu’un essaim d’ennemis menaçait de renverser les défenseurs.
Les zombies et les squelettes semblaient plus intelligents qu’à l’accoutumé : ils grimpaient la palissade pour attaquer les défenseurs ou se massaient en tas pour permettre à d’autres de monter sur les remparts. Snaefried scruta la horde ennemie e et repéra un curieux individu qu’on aurait pu confondre avec les autres morts vivants, mais qui restait en retrait avec un curieux talisman. La voleuse l’abattit et instantanément les morts vivants semblaient hésiter et se comportèrent de façon plus erratique. Voyant cela Lotharo dit à Snaefried :
« Cela doit être un nécromant qui dirige les morts vivants par magie. Passe le mot à tous les archers qu’ils essayent de les repérer et de les abattre ! »
Pendant les heures qui suivirent le combat fit rage. Le commandant ennemi fit donner sa seconde ligne composée de géants et d’orques. Calidor, sur le rempart donnait de sa personne pour frapper de droite et de gauche sur les ennemis mais ils étaient trop nombreux.
« Je crains que nous ne passions pas la nuit » observa Dederick fataliste.
En bas, Quine décida qu’il fallait apporter de l’espoir pour éviter l’anarchie. Elle se hissa sur un tonneau, et avec l’aura de son sort de lumière du jour, elle s’adressa aux civils terrifiés en les exhortant à garder espoir et à rester unis face à l’adversité. Le mal ne saurait triompher face aux justes ! La mise en scène comme le discours eurent un impact inattendu, la masse désordonnée de civils cessa de crier et écouta la prêtresse avec attention et se rassembla calmement autour d’elle.
Le fracas des armes continuait de faire rage autour de la ville et les aventuriers faisaient de leur mieux pour repousser les assauts ennemis. A ce moment Dregon, couvert de sang, arriva chez Dederick et lui demanda des renforts car la porte nord menaçait d’être enfoncée par un géant. Snaefried se précipita avec un groupe de renfort et monta à la tour nord qui était assaillie de toutes parts. Elle ouvrit le feu sur la créature mais dans la confusion, elle manqua son tir permettant au monstre d’enfoncer la porte déjà affaiblie. Les assaillants se déversèrent alors dans la ville et la roublarde se replia avec les derniers défenseurs en tentant de ralentir l’ennemi autant que possible.
La nouvelle de la chute de la porte nord fut un vrai coup de poignard. Annasthea avait rejoint la muraille sud ou un autre géant s’était avancé vers la porte.
« Boule de feu ? » demanda-t-elle.
« Désolé, je suis à sec » répondit Lotharo en levant les bras.
« La porte nord a cédé, on va être piégés. Il faut qu’on tente une sortie pour sauver les civils. Quine les a rassemblé ils sont encore en ordre de marche mais ça ne va pas durer. » dit Annasthea
BOUM ! Le géant enfonçait la porte en dessous d’eux. Les défenseurs étaient débordés et peinaient à repousser les attaquants qui se hissaient sur la palissade.
« La sortie est tout ce qu’il nous reste comme solution… Mais honnêtement, je ne pense pas que nous puissions réussir à briser leur ligne ou en tout cas, pas avec les civils » commenta Dederick.
C’est alors qu’un cor retentit au sud et des flèches sifflèrent depuis la forêt.
« Omyantel !!!! » Crièrent un groupe d’elfes surgissant des bois sur les arrières de l’ennemi. Les orques et les zombies furent renversés par cet assaut soudain mais ils n’allaient pas tarder à retrouver leurs esprits.
« C’est notre chance ! Il faut tenter cette sortie maintenant. Mais on doit dégager ce géant » Cria Dederick qui commença à donner des ordres en ce sens
« Je m’en charge » dit Calidor. Le barbare fit ouvrir les portes et se jeta comme un forcené sur le géant le tailladant à mort avec l’aide des soldats de Solaun. L’immense créature chuta en écrasant plusieurs zombies derrière lui. Emportés par leur élan, le groupe de Calidor tailla en pièce la première ligne ennemie et les orques détalèrent épouvanté.
« Je vais organiser l’arrière garde pour les retarder. Snaefried vient avec moi ! » Dit Annasthea en sautant en bas.
La contre-attaque des défenseurs permit de rejoindre les elfes et d’aménager un couloir de sortie. Lotharo et Calidor se battirent comme de beaux diables pour le maintenir ouvert. Au milieu de la mêlée ils reconnurent Dornil. Le prince elfe dirigeait le groupe d’elfes qui venait de les secourir et il leur fit un bref salut en continuant de trancher des orques et des zombies.
Quine, avertie par Annasthea qu’il fallait évacuer au plus vite, guida tout le monde dehors dans le maximum de calme possible. La file de civils courut aussi vite que possible en traversant la porte sud.
Le feu avait pris sur la partie nord d’Ambrebois : les orques avaient certainement entamé le pillage de la ville.
« C’est terrible, mais pour le coup, cela nous arrange, leur indiscipline va nous faire gagner un temps précieux » pensa Annasthea.
Avec Snaefried et un groupe de soldats, l’archère arcanique assura l’arrière garde. Installés en demi-cercle derrière une rangée de lanciers, les archers faisaient feu puis reculaient de façon coordonnée. Ils sauvèrent beaucoup de vies, mais beaucoup de gens ne purent les rejoindre dans la confusion de cette retraite. Certains habitants ne purent atteindre la porte à temps. D’autres accouraient en criant au secours, poursuivit par des monstres. A l’ouest, Dregon et ses compagnons lancèrent un assaut suicidaire pour dégager un groupe de civils et ils furent submergés et tués. De l’autre côté, à l’Est, le vicaire Gibelin guidait des habitants du quartier nord vers la porte sud tandis que le bourgmestre Avedrus et un groupe de gardes se sacrifiaient à leur tour pour gagner du temps.
C’est avec l’amertume de toutes ces pertes que les survivants atteignirent le couvert des arbres. Tout ce qu’ils virent en jetant un dernier regard vers la ville en feu fut le commandant ennemi sur son cheval qui continuait de les toiser, imperturbable, comme un défi. Il ne lança même pas ses troupes désorganisées à leur poursuite.
Une flèche et un carreau sifflèrent et tombèrent sans effet autour du chef morts vivants qui ne réagit pas. Snaefried et Annasthea avaient manqué leur coup.
« Enfoiré ! On se retrouvera » grogna Snaefried avant de rejoindre le reste de la colonne.
Omyantel
Les gens s’enfoncèrent dans la forêt, remerciant les elfes qui s’étaient portés à leur secours. Les gardes des deux factions firent de leur mieux pour organiser la marche dans la forêt.
Lorsque les héros atteignirent à leur tour l’orée des bois, Dornil les attendait. Il fit un salut martial à Annasthea et Snaefried. Quine se jeta dans les bras du prince elfe qui fut surpris de ce geste. Touché, il lui rendit l’accolade. La prêtresse était marquée par cette douloureuse épreuve.
« Merci ! Vous avez sauvé de nombreuses vies ce soir » dit Quine
« Je vous le devais bien. Venez, il faut partir au plus vite » répondit Dornil.
La colonne progressa aussi silencieusement que possible dans l’obscurité. Les elfes guidaient la troupe tandis que les gardes survivants encadraient les flancs pour éviter que des gens ne se perdent.
Arrivés près de la petite corne, les éclaireurs firent arrêter la colonne. La compagnie du Hibou remonta la file pour voir ce qui se passait. Une forte troupe d’une bonne trentaine de morts vivants gisaient au sol, ainsi que quelques elfes.
Ouuuuuhouuuuu ! Un hibou géant se posa au sol devant eux puis se métamorphosa sous leurs yeux : Dronas ! D’autres elfes surgirent des fourrés.
« Une embuscade. Je pense qu’elle vous était destinée » commenta le druide.
« Content de vous voir » dit Calidor.
« Merci. Je suis heureux également de vous voir, même si les circonstances ne sont pas des plus heureuses. La voie est libre pour Omyantel. Allez-y, je vais m’assurer que vous n’êtes pas poursuivis ». Ajouta Dronas. Puis il se retransforma en hibou et s’envola en direction de l’Ouest.
La colonne arriva finalement au village des elfes. Des guerriers s’avancèrent et Dornil vint à leur rencontre. La conversation en elfique s’envenima. Les capitaines elfes reprochaient à Dornil, qui n’était de surcroit pas membre de leur clan d’avoir pris des risques insensés pour sauver des humains.
Quine posa une main sur l’épaule du prince elfe qui fulminait et fini par crier
« Quel genre d’être civilisés serions-nous si nous n’étions pas venus à leur secours ?! Nous avions une alliance, la parole donnée… Cela signifie quelque chose pour moi ! Ceux qui m’ont accompagné étaient volontaires ! »
Puis il désigna les aventuriers du Hibou Argenté : « Et au moins vis-à-vis d’eux ! Eux qui se sont battus pour nous l’an passé ! N’était-ce pas la moindre des choses que d’honorer la dette que nous avions envers eux !? »
L’arrivée du seigneur FIndril fit silence. Il regarda Dornil couvert de sang :
« Cela n’était pas une décision sage assurément….Mais elle fut dictée par un grand cœur. Venez, vous êtes tous les bienvenus. Ces humains sont nos hôtes nous les protégerons. Amenez-les au refuge des cavernes. Les gardes s’inclinèrent et guidèrent les survivants d’Ambrebois dans des cavernes situées à l’écart d’Omyantel. Quine s’assura qu’ils ne manquent de rien et elle y rencontra Elefria. La jeune elfe salua la prêtresse et, déjà connue des habitants d’Ambrebois s’assura qu’ils puissent s’installer et bénéficier d’eau et de nourriture. La générosité du Seigneur Findril et de sa fille touchèrent les habitants d’Ambrebois qui remercièrent les elfes de leur sollicitude.
« Venez nous devons parler » dit Findril aux aventuriers. Nos compagnons accompagnés de Dederick qui avait été blessé plusieurs fois durant la bataille et représentait désormais la plus haute autorité d’Ambrebois, arrivèrent dans la salle du conseil.
« Cette tragédie est un choc pour nous tous. Nous savions que l’ennemi était en marche, les clans du nord sont déjà sur le pied de guerre mais personne n’aurait cru qu’il frapperait si loin au sud. »
« Monseigneur, la situation est grave, il faut réunir le Conseil. Vous en avez le pouvoir. Nous sommes ici pour cela, en tant qu’ambassadeurs officielle de Solaun » dit Annasthea.
« Oui vous avez raison. Il est grand temps.» répondit Findril.
Le Conseil des Elfes de la Haute-Forêt
Le seigneur Findril lança un sort pour contacter les autres chefs de clans et une assemblée fut organisée deux jours plus tard. Les aventuriers furent conduits au travers de chemins secrets mais ils eurent les yeux bandés durant la dernière partie du trajet.
Sur place, ils entrèrent dans une salle majestueuse ou la pierre et les arbres s’entremêlait pour former un dôme exquis décoré de statues. Derrière une grande table en forme de demi-lune, des elfes au port aristocratique étaient installés. Derrière chacun d’eux un garde et un page se tenaient prêts à satisfaire leur demande. Ils reconnurent Dornil comme le garde de l’un des seigneurs dont ils déduisirent qu’il s’agissait de Rean Mirnil, son père. Annasthea reconnut pour sa part son seigneur, Jaldor, qu’elle salua respectueusement et qui lui rendit son salut d’un signe de tête. Dronas, Findril et Elefria étaient également présents.
On fit signe aux héros d’avancer. Findril prit la parole, il déclara avoir réuni le conseil pour faire face à la grave situation à laquelle sont confrontés elfes et humains.
« Les aventuriers ici présent sont des ambassadeurs de la République de Solaun qui viennent discuter avec le conseil. Ce sont des diplomates, mais ce sont avant tout des héros et des amis »
« Ont-ils des lettres de créance ?» déclara sèchement Mirnil.
Annasthea s’avança et produisit les documents que l’elfe examina d’un œil soupçonneux.
« Allons mon cher, ne soyez pas si bureaucratique » dit d’une voix douce Dame Swendel, l’une des dirigeantes les plus respectées.
Mirnil reposa les documents et se rassit.
Annasthea expliqua la raison de leur venue et leurs précédentes aventures. Elle détailla toute l’affaire d’Ambrebois au conseil.
Quine remarqua immédiatement des regards gênés entre chefs de clan lors du passage sur la tombe.
« Je vais poser une question simple : pourquoi nous allierions nous avec des usurpateurs ? » cracha le Seigneur Qendor
« Parce que c’est nécessaire. Les elfes sont trop peu nombreux pour faire face seuls. Vous le savez bien. Ambrebois en est l’exemple. L’aide de Solaun peut être décisive. Seule l’unité nous sauvera » dit Annasthea.
« Et comment leur faire confiance ? » relança Qendor
« Je sais qu’ils ne sont pas toujours dignes de confiance. Mais j’ai la parole de l’Intendant Abassar et je pense que je peux accorder ma confiance à l’homme qui a vaincu le sorcier Nerhaum » répondit Annasthea
« Ce n’est pas lui qui est aux commandes pourtant si je me souviens bien » interrompit le seigneur Jaldor qui n’avait pas encore prit la parole « Vous êtes comme vos sœurs Annasthea. Vous avez soif d’aventure. Je me demande si votre jugement n’est pas biaisé par une trop grande proximité avec les humains. Pensez-vous vraiment qu’ils sont dignes de confiance ? »
« Oui. Et quand bien même, je ferais tout pour sauver mon foyer» dit l’archère arcanique avec conviction.
Jaldor hocha la tête puis poursuivit : «La fougue de Brilwen Ellisdarion coule décidemment dans vos veines. Vos sœurs se sont également mises en danger, mais elles l’ont fait pour leur clan. Grâce à elle nous savons que l’ennemi vient de Drulnovar. Lorsqu’une troupe détruit un village, elle se réunit près d’une sorte de cristal flottant qui relève les morts. En quelques temps avec l’aide de nécromanciens, la troupe retrouve son plein effectif et au-delà. »
« Oui nous avons vu ce procédé à l’œuvre dans la tombe. C’est une sorte de focaliseur nécrotique. Mais comme nous n’en avons jamais vu » dit Lotharo.
« Personne n’en a jamais vu. Mais ce que cela veut dire, c’est que l’ennemi nous vaincra à l’usure. Annasthea a raison nous ne pouvons gagner seuls. » dit Jaldor.
« Une alliance ?! Mais contre qui ? Nous ne savons même pas qui est notre ennemi ! » Tonna Qendor
Quine parla à son tour : « Hestia peut être ? ». L’assemblée frémit
« Ce nom a été promis à l’oubli ! Ne le prononcez pas ici ! Et c’est impossible, elle a été détruite » dit Minril en tapant du poing sur la table.
«Peut-être est-elle revenue d’entre les morts de la même façon que le druide Malthuur ? » poursuivit Quine
« C’est vrai, Malthuur a été ressuscité d’entre les morts, une terrible magie était à l’œuvre. Mon mentor était pourtant mort depuis des années» confirma Dronas
« Vous ne comprenez pas. Ce que Mirnil veut dire c’est que…. Hestia était devenue une non-mort. Une vampire. Les aventuriers qui l’ont détruite l’on réduite en cendres » dit Dame Swendel.
« Il n’empêche que le vampire que nous avons affronté dans la crypte parlait de sa « maîtresse » » répondit Quine
« C’est ridicule ! Peut-être est-ce une autre créature de la nuit voilà tout » gronda Mirnil.
« Ou peut être que les aventuriers n’ont pas tué Hestia. » répondit Quine
« Comment osez-vous ! Vous laissez entendre que mon père aurait épargné cette… Cette aberration qui a causé notre ruine !? » Tonna Mirnil hors de lui.
« Tuer un membre de votre famille n’est pas facile. Est-ce si difficile à envisager ? » Poursuivit la prêtresse
Jaldor leva une main pour ramener le calme. « Admettons que cela soit vrai. Pourquoi avoir attendu 300 ans ? Et quel est son but ?»
« Le même que depuis toujours sans doute : détruire les elfes de la haute forêt » proposa Annasthea
« Je suis tout de même sceptique, même si Tessarion avait refusé de détruire Hestia, je doute qu’Amren Orlenthar, Cimira ou Dwod l’aurait épargné. Raisonnons logiquement. » Dit Jaldor
« Alors il nous faut envisager que quelqu’un de plus puissant a relevé Hestia ». Déclara Lotharo.
« Relevé …de la cendre ???? Qui donc aurait un tel pouvoir ? » Intervint l’un des seigneurs
Jaldor était silencieux. Il regarda Annasthea et Quine. Ils pensaient à la même chose.
« Alors il nous faut conclure que peut être la liche elle-même est de retour. Pour produire une si vile magie il ne faudrait pas moins qu’un des trois antiques Hauts Mages »
La stupéfaction gagna l’assemblée. Azal Skarnix de retour ? Elle avait pourtant été détruite par la même compagnie d’aventuriers. Mais le Haut Mage avait tant de fois trompé la mort….
Dame Swendel intervint.
« Si Skarnix est de retour, alors tout ceci fait sens. Il cherchait à devenir un dieu et pour ce faire il a mis au point un rituel complexe dont nous ignorons tout. Néanmoins après sa défaite Cimira la Grande Arcane nous expliqua que Skarnix avait forgé un artefact pour faciliter son rituel, un objet appelé « le disque de nuit ». En rassemblant tous ses pouvoirs, la Grande Arcane a brisé le disque en trois fragments qu’elle a dispersé entre elfes, nains et humains. Tessarion, Amren et Dwod. Néanmoins, les héros sont restés silencieux sur les derniers moments de la liche. Elle a peut-être trouvé un moyen de revenir bien que nous ignorions lequel.»
L’assemblée digéra cette information.
« Et donc la raison de cette guerre serait de récupérer ce disque c’est cela ? » demanda Lotharo.
« Oui, nous pouvons le supposer. Même brisé le disque a toujours des pouvoirs, même s’ils ne sont utilisables pleinement que par la liche. La raison de cet assaut impitoyable contre nous est peut-être de reprendre l’artefact. » Répondit Dame Swendel
« Qui possède celui des elfes ? » interrogea Quine.
Un silence gêné se fit. Des regards se posèrent sur Mirnil qui se raidit dans sa chaise. Il passa la main dans sa tunique et en sortit un pendentif d’où pendait un tiers de disque en métal noir irisé de runes.
« Il est ici. C’est l’héritage… Et le fardeau de ma famille » dit-il.
« Personne n’est responsable des actes de ses ancêtres. Hestia a fait son choix. Elle est seule à blâmer. Vous n’avez pas à vous en sentir coupable Monseigneur et la lignée de Tessarion n’a aucune honte à dissimuler » dit Quine avec compassion et conviction.
Les paroles de la prêtresse touchèrent le seigneur elfe qui resta sans mot dire.
Sur ces entrefaites, deux émissaires se présentèrent : le nain Orgil Barbecuivre, ambassadeur de Kald Jotnal, la forteresse au sud de la Haute-Forêt et Engril Fenerian de Lindhol, le royaume des Hauts Elfes au sud du lac aux fées.
La discussion dériva sur la question des alliances. Orgil promit le soutien de 800 soldats nains et Engril au moins autant en souvenir de la vieille alliance. Ces alliés traditionnels des clans de la Haute-Forêt connaissaient les enjeux de ce conflit.
« Messeigneurs, vous savez bien que cela ne suffira pas » déclara Annasthéa. Si Solaun se joint à l’alliance, alors nous aurons une chance. »
Le conseil sembla se ranger à l’avis des aventuriers.
« On devra aussi se poser la question du fragment. Il faudrait le mettre en lieu sûr. L’éloigner. » Dit Quine.
Mirnil soupesa son pendentif : « Oui, nous allons en discuter. Laissez nous, nous devons délibérer. »
Alors que les Seigneurs délibéraient, L’ambassadeur de Lindhol donna une chaleureuse accolade à Lotharo
« Lotharo Mai Govanen ! Je suis si heureux de voir que tu vas bien. Et tu as visiblement fait ton chemin on dirait. Une célèbre troupe de héros que tu as intégré ! » Il se tourna vers Annasthea et Quine
« Enchanté de vous rencontrer enfin. Vous avez parlé avec tant de conviction dame Annasthea, des arguments acérés comme vos flèches à n’en pas douter. Et vous dame Quine je puis voir que ce qui m’a été rapporté est vrai le tout puissant Corellon bénit indubitablement vos paroles. »
Gênée, Quine répondit « Oh si peu, je tâche de me montrer digne de lui. Il m’a permis de sauver quelques personnes et cela est déjà plus qu’il ne m’en faut ».
Annasthéa, soupçonneuse à l’égard des intentions cachées de Lindhol répondit poliment et s’esquiva. L’ambassadeur Fenerian lui paraissait trop mielleux.
Engril posa une main amicale sur l’épaule de Lotharo :
«Vous avez la chance d’avoir un élément de choix. Ce cher Lotharo a toujours été doué en tout : les armes comme la magie. A la tour des mages il était toujours le plus curieux. Une vraie soif de nouvelles connaissances. Bien, je vous prie de m’excuser, je vais retourner voir mon confrère Orgil, il doit se sentir bien seul au milieu de tous ces visages inconnus. Au plaisir de vous revoir. »
Après quelques minutes, les pages indiquèrent aux invités qu’ils pouvaient revenir.
Le conseil déclara solennellement qu’il acceptait l’aide de Lindhol et Kald Jotnal et qu’il enverrait une ambassade pour signer un traité avec la République de Solaun. Les Aventuriers devront annoncer aux autorités de Solaun qu’une délégation elfique se présentera à la capitale sous 6 jours.
Retour à Solaun
Nos amis s’en retournèrent à Solaun en empruntant les chemins elfique et en longeant par la sud puis d’est en ouest. Annasthéa était en tête et guida le groupe afin d’éviter les éventuels groupes ennemis.
En chemin ils croisèrent des lieux de combats et des cadavres d’elfes et de monstres. L’archère arcanique souffrait de voir sa chère forêt touchée en son cœur par la barbarie. La compagnie arriva en vue de la frontière et de la sortie de la Haute-Forêt.
« On devrait arriver d’ici 1h en vue de la lisière de la forêt » dit Annasthea encore pensive.
« T’es distraite ? Qu’est ce qui se passe » demanda Quine.
« Je me demande ce que Lindhol a comme intention. L’ambassadeur Fenerian était un peu trop obséquieux. Je me demande ce qu’ils ont en tête. Ils voudraient peut être faire main basse sur la Haute-Forêt ? » Dit Annasthea
« Et ce serait grave ? Nous sommes tous des enfants de Corellon après tout. » Dit Quine.
« Ça n’a rien à voir. » coupa Annasthea. « Les elfes sylvains de la Haute Forêt son indépendants. C’est à eux et à eux seuls de choisir leurs dirigeants pas à des étrangers de Hauts Elfes »
« Annasthea Serïnde ! Un peu de modération, on croirait entendre un humain ! Tu prends ça trop à cœur. On n’est pas là pour faire de la politique, la priorité maintenant c’est de sauver des vies »
Calidor les interrompit en leur indiquant l’avant du chemin : « C’est qui ça ? »
Une silhouette revêtue d’une robe rouge avec de grandes rayures noires irrégulières était debout en plein milieu de la route. Lorsqu’ils furent assez près Quine reconnut le symbole de l’Aghna Gruul sur le médaillon de la silhouette, un humain au regard fou. A côté d’elle Lotharo écarquilla les yeux.
« Vous voilà ! Hérétiques ! Vous pensiez vous en tirer après avoir profané notre temple ? Mais l’Aghna Gruul est au contraire en train de renaître, le courroux des maîtres nous a appelé, nous leurs serviteurs, pour exercer leur vengeance. Nous savons ce qu’il faut faire et le premier des commandements est d’éliminer les profanateurs.
Il lâcha au sol une sorte de poupée de chiffon qui dégagea une fumée noire et fit apparaître une vision d’horreur que nos amis auraient préféré oublier : une masse de chaire tapissée d’yeux et de bouches irradiant un babil confinant à la folie : un babélien !
Dans le même temps deux créatures à l’aspect de crabes à la tête pleine de tentacules ainsi que des cultistes sortirent des fourrés tout autour d’eux. Mais ce qui retint l’attention de Calidor fut les deux silhouettes d’aspect humaine avec des têtes de lapins aux yeux rouges.
« Vous voilà enfin… » Gronda Calidor en dégainant ses armes.
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