Renaissance
Compte-rendu n°7 – partie du 10
février 2023
La compagnie du Hibou Argenté :
- Annasthéa Serindë, l’archère arcanique
cherchant à faire renaître le vieux royaume de la Haute
Forêt,
- Quine
Holimion la
Prêtresse de Corellon Larethian,
- Lotharo
Siannodel,
le chantelame en quête de savoir
- Calidor
Eaucalme le
barbare qui cherche à protéger le monde des lapins garous
- Snaefried
Ombreuse,
seule non-elfe du groupe, une humaine roublarde des quartiers chauds de
Solaun qui suit la compagnie en recherche de richesses.
Retrouvailles
« Détruisons cela, je n’en peux plus » demanda
Quine en fixant le cristal malfaisant tout en se massant la tempe.
Lotharo opina et sortit ses composants de rituels.
« On sait comment faire maintenant, mais je vais avoir
besoin de votre aide à tous pour que cela aille le mieux et le plus rapidement
possible » Dit le chantelame.
Il traça un cercle avec de la poudre consacré autour du
cristal flottant puis enjoint à chacun de se mettre aux points qu’il avait désigné.
Puis il prit la main de Quine qui la serra en lui souriant et il entama les
premières incantations.
Contrairement à la fois dernière, nulle improvisation ici.
Il récita les paroles avec conviction et fluidité et tout le monde l’imita,
déterminé à en finir au plus vite. Au bout de trois quart d’heure d’inflexibles
incantations le cristal se fissura et éclata en morceaux. La chose avait perdu
son éclat violet brillant pour une teinte lavande terne.
« Une bonne chose de faite. Il faut se mettre à l’abri,
la nuit va tomber » dit Calidor.
« Pas le temps de chercher ailleurs, je vais chercher
un bâtiment qui peut nous abriter » dit Annasthea.
Le groupe se retrouva au bout de dix minutes devant les
restes de la Mairie. Le bâtiment partiellement en pierre avait encore ses murs
et une partie de l’étage malgré les traces de vandalisme et d’incendie.
« Ça peut faire l’affaire, mais vu ou nous sommes, je ne
serais pas tranquille cette nuit et ça n’est pas assez dissimulé à mon
goût. » Observa Snaefried.
Annasthea acquiesça et regarda Lotharo qui roula des yeux en
comprenant.
« D’accord. J’invoque l’abri, vous auriez pu le dire
plus tôt, je croyais qu’on était pressé ». Le chantelame ressortit ses
composants de rituels. « Bon aller, c’est reparti… »
A l’issue du rituel l’abri flottait un peu au-dessus de
l’étage devant une poutre d’où pendait une corde. Le groupe s’endormit tandis
que les sentinelles alternaient les tours de garde. La forêt était étrangement
silencieuse.
Vers deux heures du matin, lors du quart de Snaefried, cette
dernière entendit du bruit venant de l’extérieur. Elle se faufila vers le mur
éventré de la mairie et observa l’extérieur. Deux silhouettes humanoïdes
longeaient le mur de la maison voisine vers la leur puis discutèrent à voix basse
avant de traverser la route et de s’accroupir derrière un rocher et de discuter
à nouveau. Tendant l’oreille Snaefried reconnu les intonations de l’elfique
(qu’elle n’avait pourtant jamais pris le temps d’apprendre malgré le temps
qu’elle passait avec le reste de la compagnie). La roublarde incanta sa main de
mage qui descendit vers les silhouettes en conversation. Elle avait envie de
s’amuser. La main tapota l’épaule de la première pendant qu’elle scrutait les
ombres. Dans le noir, elle ne la vit pas et se tourna pour apostropher l’autre
personne. Souriant de son tour, Snaefried incanta une flamme de bougie avec sa
main de mage qui s’illumina révélant deux elfes, un homme et une femme. La
femme rappela quelque chose à Snaefried. La main de mage désigna le bâtiment où
Snaefried sortit des ombres.
« Vous !? » Cria la femme en commun
« Comment ?!... Je…. Vous êtes revenus ?! C’est moi
Elefria !! »
« Oui. De retour et pas seul. Si vous nous
rejoigniez ? » Répondit la roublarde en sautant à la corde et en tapant
sur l’abri pour réveiller les autres.
Les deux elfes montèrent rejoindre l’abri. Elefria, les yeux
embués, fit une accolade à Quine. Elle leur présenta Aklar son compagnon.
« Comment se présente la situation ici ? » demanda
Annasthea qui cachait mal son impatience.
« Aussi mal que partout ailleurs je le crains. Notre
clan n’a pas subi trop de dommages car nous avions encore la chance d’avoir un
mythal qui fonctionne et nous avons pu anticiper. Mais les nécromanciens ont
fini par le percer et nous avons dû nous réfugier dans les cavernes. Au début
nous avons tenté de résister mais ils étaient trop nombreux. Les clans n’ont
pas pu s’unir car l’attaque était soudaine et le clan Mirnil le plus grand,
décapité. Dame Swendel et le Seigneur Jaldor ont fait de leur mieux, mais
Quendor et les clans de l’Est ont préférés faire cavaliers seuls car ils
avaient la fausse sensation d’être plus à l’abri.
Si seulement Dornil avait été là, il aurait pu changer cela.
J’espère qu’il s’en sortira. Toujours est-il que la guérilla ne donne pas
grand-chose contre les forces de Skarnix, nous sommes forcés de nous cacher
dans nos propres terres. Cela fait longtemps et désormais la faim nous guette.
Nos prêtres sont en nombre insuffisant pour créer assez de nourriture pour tout
le monde et nous sommes donc obligés de chasser de nuit pour ne pas attirer
l’attention de l’ennemi. »
« Il y a tout de
même un espoir. L’armée de Solaun est en route, elle sera à nos côté. Nous
avons quelques peu changé les choses là-bas. Il y a maintenant une reine. »
L’archère arcanique expliqua les derniers événements à
Elefria qui retrouva le sourire.
« C’est formidable. Vous faites tant de chose pour
nous. Hélas, cela ne pourra suffire. L’ennemi créé des cristaux partout dans la
forêt grâce auxquels il relève tout ce qui est mort. »
« C’est pour cela que nous sommes là. Nous allons
détruire le mal à la racine. Nous savons que la liche est à Drulnovar. Nous
allons tuer Skarnix » dit Annasthea avec détermination.
« Drulnovar ?! Mais comment espérez-vous y entrer.
L’armée ennemie patrouille les bois au nord-ouest. En fait d’ailleurs, les
troupes de Skarnix se rassemblent à l’ouest. Si ce que vous dite de l’armée de
Solaun est vrai, je comprends pourquoi ».
« Il faudrait prévenir nos alliés de ce fait. Passe-moi
le carnet » Dit Lotharo à Annasthea.
Tandis qu’il écrivait son message dans le carnet magique
donné par Drystan, Lotharo rompit le silence pesant qui régnait sur l’abri.
« On pourrait passer par la face sud des Montagnes, par
l’avant-poste de Nauglon. »
« Ça fait un sacré détour » objecta Annasthea.
« Oui mais historiquement si mes souvenirs sont bons
c’est par là-bas que les nains avaient évacué Drulnovar. Il devait y avoir des
tunnels qui nous permettrait d’entrer dans la forteresse de Skarnix »
« A supposer que tes tunnels soient toujours là et ne
soient pas gardés » coupa Calidor.
« Tu as une meilleure idée ? » répondit
Lotharo calmement en terminant d’écrire le message. Personne n’ajouta quoi que
ce soit.
« Voilà c’est fait. » Il tendit le carnet à
Annasthea qui le remit dans la pose de son sac.
« Si vous choisissez de passer par Nauglon, alors j’ai
peut-être une solution. » fit Elefria.
Elle poursuivit.
« Il y a un col accidenté qui traverse les monts
Couvre-Cîmes au nord et qui ne devrait pas être trop gardé. C’est une corniche
étroite qui serpente à l’extrémité nord du Val Muet. Je peux ensuite vous
guider jusqu’à Nauglon. Elle se tourna vers les trois elfes sauvés par le
groupe. Aklar peut vous conduire dans nos abris. Nous prendrons soin de
vous. »
Le Val Muet. Cela résonna dans la tête des
aventuriers : l’ancien repaire d’Hestia. Une ombre passa sur le groupe.
Mais malgré tout cela sembla la meilleure idée pour tout le
monde et la compagnie décida de terminer sa nuit pour repartir le lendemain.
Pendant ce temps, hors de l’abri, Snaefried avait déjà
attaché son fidèle hamac et s’était étendue en fixant les étoiles.
A côté d’elle, invisible, un œil magique se dirigea vers le
nord. C’était Quine qui venait d’incanter un sort pour explorer les alentours. Après
avoir arpenté le village et confirmé qu’il n’y avait personne là dehors, elle
poussa vers le nord pendant plusieurs dizaines de minutes, passant à travers
les buissons, les sapins, enjambant les rochers.
Puis elle remarqua des torches au loin et approcha l’œil.
Elle déboucha sur une clairière que traversait des centaines de silhouettes en
direction du sud-ouest. Des orques et des morts vivants de toute sortes…
Pire encore, au centre, un autre cristal flottait au-dessus
du sol. Sous celui-ci, des orques jetaient des corps, des corps d’elfes. Quine
eu un hoquet d’horreur et la communication avec l’œil prit fin. Encore choquée,
elle eut du mal à trouver le sommeil.
Retour à la Vieille Tombe
Aux premières lueurs de l’aube, le groupe prépara les
chevaux et se mit en route vers le nord. Elefria n’était pas très chaude à l’idée de
voyager à cheval car cela peut attirer l’attention mais cela a le mérite d’être
rapide.
La compagnie du Hibou et leur guide se déplacèrent vers le
nord en suivant la rivière avec une infinie précaution. Puis ils bifurquèrent
vers le nord-ouest en gravissant les collines boisées. Pendant plusieurs
heures, le groupe progressa avec difficulté dans les sous-bois touffu. Arrivés
au sommet, ils purent admirer les pentes accidentées qui menait au ruisseau.
Au-delà se trouvaient les contreforts des Mont Couvre-Cîmes. Et sur la droite
le sentier menant à la vieille tombe.
Elefria s’était arrêtée et fixait le sol, dubitative.
Annasthea descendit de cheval pour la rejoindre.
« Qu’y a-t-il ? » demanda l’archère
arcanique.
« C’est étrange. Regardez des traces de bottes menant à
la vieille tombe. Elles sont assez récentes »
La compagnie du hibou échangea des regards inquiets.
« Elle est là-bas. » Dit Calidor.
« Peut-être. Nous n’en savons rien » répondit
Lotharo.
« Il faut en avoir le cœur net. Si elle est là-bas,
c’est une occasion unique de détruire le lieutenant de Skarnix ».
Le silence se fit quelques instants alors que tout le monde
était plongé dans une profonde réflexion.
« Si vous souhaitez explorer la tombe, je peux aller en
éclaireur dans le col pour vérifier que la voie est libre. » Proposa
Elefria.
Tout le monde accepta. Et à nouveau la compagnie du hibou
marcha vers le tombeau d’Hestia.
Arrivés devant les escaliers, Snaefried proposa de passer
devant.
La rôdeuse descendit discrètement les escaliers et s’arrêta
à l’angle avant le hall principal. Elle entendit des bruits de mastication et
des grognements. En passant la tête elle vit une silhouette humanoïde accroupie
et de dos, semblant visiblement très affairée.
Snaefried considéra un instant la possibilité de remonter
avertir les autres. Mais non, c’était trop tentant. Elle arma son arbalète et
fit feu.
La créature prit le carreau dans le côté de la tête et hurla
de douleur tout en crachant du sang. Mais ce ne fut pas suffisant pour la tuer.
D’autre hurlements se firent entendre. La créature n’était pas seule.
« Flûte » pensa la voleuse.
Elle remonta les marches et croisa son groupe qui avait été
alerté par les cris.
« Euh ils nous attendaient. Va falloir utiliser la
manière forte » dit-elle.
La compagnie déboucha dans la salle pour y trouver 3 blêmes
(dont celle qui venait d’être blessée), des goules plus puissantes et anciennes
ainsi qu’un squelette géant et un crâne enflammé flottant dans les airs. Une
femmes vampire aux croc saillant les dévisageaient avec haine.
Sans attendre Annasthea décoche une flèche pour achever la
première blême. Mais tous constatèrent avec horreur que le crâne s’apprêtait à
leur lancer un sortilège de feu. Lotharo s’avança et d’une incantation dissipa
la boule de feu qui venait juste de partir dans leur direction.
« Merci » Souffla Quine.
Les blêmes restantes chargèrent Calidor qui s’était mis en
rage et Lotharo qui se trouvait en première ligne en bas de l’escalier. Le
premier fut blessé et paralysé par le poison de la créature, le second esquiva fort
heureusement.
Profitant de la diversion la vampirenne traversa la salle et
ouvrit la porte est pour aller chercher du renfort.
« Oh non non non ! « Marmonna Annasthea. L’archère
en appela aux esprits du vent et ses jambes se transformèrent temporairement en
nuage. Un vent souffla dans la salle et Annasthea se faufila entre les blêmes
pour atteindre la porte. Là elle incanta une flèche arcanique d’entrave et
toucha la vampirienne la clouant au sol en plus de la blesser violemment.
Quine incanta des esprits gardiens qui frappèrent les deux
blêmes, puis Lotharo transperça son adversaire et rejoignit Annasthea tandis
que Snaefried aida Calidor d’un tir sournois qui acheva l’autre blême.
Calidor retrouva l’usage de ses membres juste à temps pour recevoir
la charge du squelette géant.
Le crânefeu incanta un projectile magique sur Annasthea qui
hurla de douleur. Elle avança dans la pièce avec le magelame pour se mettre
hors de vue. Là la vampiresse tentait de se libérer de ses entraves. Elle se
débattit furieusement blessant l’achère arcanique au passage mais finit par succomber
face au nombre. Snaefried fit une attaque sournois sur le squelette géant qui
accusa le coup mais continua de frapper Calidor. Ce dernier, encore engourdi
rata ses attaques mais faisait toujours bloque devant ses camarades.
Revenant dans la pièce Annasthea avisa le crânefeu.
« Prend ça saleté ! » son tir était parfaitement
ajusté mais le crâne incanta un bouclier. Avec sang-froid Annasthea prononça
une formule et la flèche ricocha sur le bouclier de force pour toucher le
squelette géant à la place. Ce dernier vacilla ce qui laissa le temps à Calidor
de l’achever.
Le crânefeu lança de nouveaux projectiles magiques sur l’archère
arcanique qu’elle ne pouvait esquiver.
Snaefried tenta d’abattre
le crânefeu mais manqua son tir. Mais en esquivant ce dernier tir, le
mort-vivant ne vit pas venir le fouet arcanique de Lotharo qui l’entoura et le
força à descendre.
Une fois au sol, Calidor se téléporta grâce au pouvoir de sa
rage et explosa le crânefeu de deux coups rageurs.
« Bon, on a évité les renforts » dit Annasthea
satisfaite tandis que le silence retombait sur l’endroit
« Je vais aller en éclaireur » dit Snaefried.
La roublarde passa la porte et s’enfonça dans le couloir
avec précaution quand elle trébucha sur un pavé déchaussé et tomba directement
sur un vieux chandelier en métal qui tomba lourdement au sol, l’écho se
répercutant partout dans le couloir.
Lotharo roula des yeux.
« Et merde ! » jura Annasthea rouge de
colère.