Renaissance
Compte-rendu n°4 – partie du 25 avril
2022
La compagnie du Hibou Argenté :
- Annasthéa Serindë, l’archère arcanique
cherchant à faire renaître le vieux royaume de la Haute
Forêt,
- Quine
Holimion la
Prêtresse de Corellon Larethian,
- Lotharo
Siannodel,
le chantelame en quête de savoir
- Calidor
Eaucalme le
barbare qui cherche à protéger le monde des lapins garous
- Snaefried
Ombreuse,
seule non-elfe du groupe, une humaine roublarde des quartiers chauds de
Solaun qui suit la compagnie en recherche de richesses.
Retrouvailles
La chapelle de Tyr était le seul endroit où un attroupement
s’était formé. Des habitants et des fidèles venaient y prier ou se faire
soigner.
Nos amis avaient pu s’infiltrer sans problème grâce aux
excellents déguisement préparés par Snaefried. Calidor se faisait passer pour
un agent communal et taillait frénétiquement les arbustes à côté de l’entrée.
Snaefried s’était embusquée dans un buisson très en retrait de la zone.
« Tu es sûr que tu veux faire ça ? Il n’y a aucun
endroit ou se cacher en cas de problème, je suis inquiète. » dit Quine.
« Oui, je veux essayer. Restez en retrait. S’il y a un
souci, ne tentez rien. » Dit Annasthea.
Après être entrée dans la chapelle, l’archère arcanique
remarqua au milieu des fidèles, un homme encapuchonné qui attendait près du
vestiaire. Elle s’approcha de lui et reconnu Lord Drystan.
« C’est moins confortable que votre bureau » lui
dit-elle.
« En effet. Je suis d’ailleurs surpris que vous ayez
accepté mon invitation. Vous êtes une amoureuse du risque. ». Répondit
Drystan
« J’aime vivre dangereusement. »
« Suivez-moi. »
Drystan l’amena dans le vestiaire et ferma la porte à clé
avant d’aller jeter un œil par la fenêtre.
« En ce moment il faut être prudent. Dites-moi donc
pourquoi diable êtes vous revenu dans ce foutoir » dit Drystan
« Je pourrais vous retourner la question. »
Répondit Annasthea.
« Très juste. Je ne suis pas arrivé à ce poste si je
n’avais pas quelques talents pour la survie. J’ai dû m’adapter. »
«En servant Reuvlyn. Comment tout ceci est
arrivé ? »
« Je dois dire que Reuvlyn a été surprenant, je
n’aurais jamais imaginé ça de lui. »
« Il travaille avec Hestia. C’est lui qui a trahi les
elfes, nous en avons la preuve. »
« Voilà qui explique sans doute certaines choses. C’est
parfait ma dame, mais je doute que dans la situation actuelle nous puissions le
traduire en justice pour haute trahison. »
« C’est pour ça que je suis là. Si je vous dis que nous
avons un plan pour le renverser êtes vous prêt à nous aider ?»
« Vous me demander encore de risquer ma vie ? Il
va falloir m’en dire plus. »
Annasthea expliqua à Drystan son intention de provoquer un
soulèvement des royalistes contre Reuvlyn et de faire alliance avec le Prince
Sorgau.
Le ministre réfléchit.
« Idée intéressante. Je doute que Sorgau soit ravi à
l’idée de s’allier aux royalistes mais si vous prévoyez de le couvrir d’or, il
vendrait sa mère. Par contre, qu’est ce qui vous dit que les royalistes vous
aideront ? »
« Nous avons un atout dans notre manche. L’héritière
légitime des Orlenthar. »
« Impossible, elle est morte » répondit Drystan en
fronçant les sourcils.
« Non, c’est faux. Abassar a fait courir le bruit de sa
mort, mais l’a secrètement épargné. Et elle a une fille, c’est d’elle dont il
s’agit. »
Les yeux de Drystan s’illuminèrent. « Vous êtes vraiment surprenants. Si ce
que vous dites est vrai, alors nous avons un coup à jouer. Je n’ai plus accès à
l’Intendant, il est en résidence surveillée au palais. Il n’est pas en bon état
de santé, peut être mort pour ce que j’en sais.
« Et Cornevent ? » demanda Annasthea.
« Aux dernières nouvelles il est au cachot, mais en
vie. » répondit le ministre.
« Je souhaite qu’il soit libéré dès que nous mettrons
le plan à exécution »
« Je pense pouvoir retourner au moins une partie de la
garde pour accompagner le soulèvement. On pourra alors le libérer. Mais il va falloir
jouer serré. Reuvlyn a fait entrer l’armée dans la ville. Mes hommes ne sont
pas de taille, seuls, à un combat prolongé. Si votre timing rate, nous
finissons tous au bout d’une corde. »
« Ne vous inquiétez pas, nous allons faire en sorte que
ce soit Reuvlyn qui danse sur l’échafaud. J’ai une idée en tête. On reste en
contact je vous donnerai tous les détails du plan. »
L’archère arcanique se tourna pour quitter la pièce et
s’arrêta sur le pas de la porte.
« N’oubliez pas que vous me devez une danse. »
Dit-elle.
« Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas oublié. » La
rassura Drystan.
Retrouvailles bis
Pendant ce temps, Snaefried s’était faufilé derrière la
ligne de front du quartier du port avec habileté, évitant les patrouilles des
deux camps, empruntant ici un jardin, escaladant là un mur, ou descendant par
une bouche d’égout pour prendre un raccourci.
La roublarde arriva sur le port et attrapa un filet pour se
faire passer pour un pêcheur. Le port était étrangement calme et très
militarisé. Elle sauta dans un canot et fit mine de se rendre à sa journée de
pêche. Dès qu’elle se sentit prête elle s’approcha du fort et y cacha
discrètement son canot.
Puis elle longea les murs avant de se faufiler dans les
vestiaires des marins à la faveur d’un changement de quart. Elle en ressortit
en uniforme d’officier et se présenta au secrétaire de l’administration qui
bondit de sa chaise pour la saluer.
« Mon lieutenant ! Que puis-je pour
vous ? » dit le marin.
« Repos. Je viens voir le Prince Sorgau pour une
affaire de la première urgence. Annoncez lui Madame S. »
« Euh oui de suite ».
L’homme s’éclipsa puis revint pour faire signe à Snaefried
qu’elle pouvait venir.
La roublarde monta le grand escalier et bifurqua vers les
bureaux de l’état-major.
Elle entra dans celui-ci et se retrouva nez à nez avec
Sorgau qui signait des liasses de papier.
« La moindre des choses est de s’annoncer en donnant un
vrai nom. » Débuta-t-il avant de relever la tête et de reconnaître son
interlocutrice. Il eu un sursaut et porta la main à son épée. Les gardes à la
porte empoignèrent leurs armes.
Snaefried, imperturbable leva la main en signe d’apaisement
« Allons, je ne suis pas là pour ça. On entre chez vous
comme dans un moulin, alors si vous tuer avait été mon intention, ce serait
déjà fait ».
Le Prince sembla s’apaiser et fit signe aux gardes de rester
où ils étaient.
« Que voulez-vous ?»
« Vous vous souvenez que je vous avais proposé une
association lucrative ? Je crois que j’ai une proposition en or pour vous. »
« Vous n’ignorez pas que les choses ont changé ma
chère. Vous avez vu l’état de cette ville ?»
« Justement. C’est une opportunité pour des personnes
comme nous. Que diriez vous de vous enrichir et en plus de liquider
Reuvlyn ? »
« Rien ne me ferait plus plaisir que de faire rendre
gorge à cette ordure qui a essayé de m’assassiner. Mais je ne crois pas que
vous ayez d’armée aux dernières nouvelles ? »
« Nous y travaillons. Nous pouvons monter un plan pour
fomenter un soulèvement. Mais pour réussir nous avons besoin de l’appui de la
flotte et des marins. »
« Un soulèvement ? Avec qui ? »
« Les royalistes. »
« Les royalistes ?! M’étonnerait qu’ils me nomment
roi et Je ne vois pas ce que j’ai à gagner à renverser Reuvlyn pour mettre un
roi sur le trône, entraînant de facto la perte de mes pouvoirs de Prince Marchand. »
« A vrai dire, nous disposons d’un atout dans notre
manche, une héritière Orlenthar.»
« Une héritière ?! Comment est-ce possible ?!
»
« Je vous expliquerai. Et je peux vous assurer qu’elle
servira nos intérêts. Le fait est que ni vous, ni moi ne pouvons débloquer la
situation en l’état. Il faut donc que nous collaborions et nos intérêts sont
communs. »
Sorgau réfléchit un moment.
« Une proposition intéressante. Un poste de Vice-roi
des colonies, la sauvegarde de mes prérogatives de prince et quelques monopoles
commerciaux me conviendront »
« Naturellement, cela est de l’ordre du possible. Et
puis, quelle différence, d’avoir un titre à la place d’un autre tant que l’on
est riche au-delà de l’imagination ? »
Le visage de Sorgau s’éclaircit.
« Bien, chère amie auriez-vous à présent l’obligeance
de m’en dire plus à propos des détails de votre plan ? Peut-être pourrions-nous
poursuivre cette conversation dans mes appartements ? » Dit le prince
avec un sourire carnassier.
Snaefried le lui rendit et déboutonna le haut de son corset
de cuir laissant entrevoir sa poitrine.
L’Héritière.
S’étant attachés deux puissants appuis, nos amis se
rendirent le surlendemain au soir dans les égouts pour rencontrer les partisans
royalistes à l’initiative de Malvig Ecathan. Eryn et Lyran accompagnèrent la
compagnie du hibou argenté.
Arrivée au point de rendez-vous, un personnage en robe de bure
brune masqué leur fit signe de le suivre. Il les entraîna dans un corridor puis
actionna un mécanisme dévoilant un passage secret. Là il les conduisit dans un
couloir sinueux et ils débouchèrent sur une grande pièce ou une bonne trentaine
de silhouettes encapuchonnées les attendaient.
Sitôt rentrés dans la pièce, Quine remarqua des sentinelles
cachées dans les recoins de la pièce, armées certainement. Elle en fit part
nerveusement à ses amis.
« Faites comme si de rien n’était » conseilla
Snaefried qui avait sans doute l’habitude de ce genre d’accueil.
Malvig était également dans la pièce, à côté d’un homme
masqué qui se distinguait des autres par un collier d’or et qui prit la parole
le premier.
« Je suis le grand maître de La Vigie Fidèle. Notre
frère Malvig nous dit que vous êtes des victimes comme nous du gouvernement
tyrannique des ploutocrates et que vous souhaitez nous aider à les renverser.
Il dit que vous avez une proposition pour y parvenir. »
Annasthea prit la parole.
« En effet, nous venons à vous pour vous proposer un
plan afin de vous débarrasser de Reuvlyn et de renverser ce gouvernement pour
rétablir la monarchie ! »
Murmures d’approbation dans la salle.
« Bien, alors nous sommes d’accord. Mais comment comptez-vous
réussir ? Nous sommes organisés mais nous n’avons pas de quoi faire face
seuls à l’armée de Reuvlyn » reprit le grand maître.
« Nous avons des sympathisants dans le camp ennemi qui
sont prêts à prendre les armes. Et nous avons le soutien du Prince Sorgau et de
sa flotte. » répondit Annasthea.
« Sorgau !!!!!??? Ce ploutocrate !? Pourquoi
devrions-nous nous allier avec ce représentant du système, si vous croyez que
nous allons vous aider à renverser Reuvlyn pour mettre Sorgau à sa place cette
entrevue est terminée ! » tonna le grand maître.
« Comme vous l’avez dit vous-même, nous n’avons pas la
possibilité de réussir séparément, le concours la flotte est indispensable à
notre plan. Par ailleurs, Sorgau ne souhaite pas le pouvoir pour lui même,
simplement sécuriser ses intérêts. Le pouvoir politique sera bien aux mains d’un
roi, ou plutôt d’une reine …et une reine Orlenthar !» Annonça l’archère
arcanique
Elle se tourna vers Eryn et lui fit signe d’avancer.
L’assemblée s’exclama et des murmures interrogateurs
retentirent. Tout le monde fixait la jeune femme qui s’avança avec un air
solennel.
« Mais c’est… C’est Eryn… C’est ta fille Malvig !? »
Dit le grand maître décontenancé en se
tournant vers le marchand.
« Oui Salvas. Je vous dois à tous des
explications » dit Malvig en se tournant vers l’assemblée.
« Lors de la chute de Nerhaum, l’intendant Abassar a
fait courir la nouvelle de la mort de la famille royale, mais en réalité il a
épargné la vie de la fille de Nerhaum. Cette femme c’était Cora, mon épouse.
Eryn ma fille est la dernière héritière des Orlenthar. Cela est la vérité, je
le jure sur ma vie, j’ai des preuves et l’intendant Abassar pourra le confirmer.
Par ailleurs, le Prince Marchand Valestar l’avait lui aussi découvert, c’est
pour cela qu’il a demandé à l’épouser. Les aventuriers l’on arraché aux griffes
de ce porc et ont fait croire à sa mort pour la protéger. »
L’assistance était abasourdie. Eryn s’avança encore et
sortit de sous son vêtement le pendentif de l’Aghna Gruul, celui dont Nerhaum
ne se séparait jamais. L’assemblée fixa ébahi cette relique.
« Je me tiens devant vous pour faire valoir mes droits
au trône de Solaun. Cela, je ne le fais pas par gaité de cœur ni par ambition car
j’aurais préféré un autre destin. Mais ces heures sombres nécessitent que les
fils et filles de Solaun se lèvent pour sauver leur patrie.
Oui je suis la
petite-fille de Nerhaum mais je n’ai pas l’intention de suivre son chemin. Je
me présente devant vous mes fidèles car j’ai besoin de votre aide. Notre peuple
a besoin de votre aide. Il faut certes renverser la tyrannie qui souille notre
ville, mais un danger plus grand encore nous menace. »
La jeune femme se tourna vers la compagnie du Hibou Argenté.
« Ces gens m’ont sauvé deux fois la vie déjà, ils sont dignes
de confiance et je suis prête à prendre tous les risques pour les aider. La
liche Azal Skarnix va conquérir tout le nord si nous ne faisons rien. Ses
armées de morts-vivants sont à nos portes. Ses agents sont à l’origine de tous
les troubles récents et Reuvlyn est leur allié. Il faut l’abattre pour
restaurer l’ordre et la justice et prendre notre juste part dans le combat
contre le mal et pour la sauvegarde de notre peuple. Je suis prête à endurer tout
cela en tant que votre reine. Me suivrez-vous ? »
Eryn avait déployé un charisme et une passion insoupçonnés
dans ce discours. Le silence se fit. Puis un des participants de l’assemblée
s’avança et posa un genou à terre.
« Ma reine vous pouvez compter sur moi. »
D’autres lui emboîtèrent le pas et bientôt tous prêtèrent allégeance.
La Révolution se prépare
Avec désormais des alliés à leur côté, il fallait préparer
les détails de l’insurrection. Durant les trois semaines qui suivirent, nos
héros déployèrent des trésors d’organisation.
Dans ce domaine, Annasthea se révéla un véritable chef de
guerre. Habituée à la guérilla dans la nature, elle appliqua ce qu’elle avait
appris à cette opération urbaine avec une surprenante réussite.
Elle planifia minutieusement le soulèvement en employant les
compétences de chacun au mieux.
Elle supervisa tout d’abord elle-même la logistique de
l’opération, créant aux quatre coins de la ville des caches d’armes secrètes et
tout le nécessaire pour héberger des groupes d’assaut les jours précédents le
soulèvement.
Calidor fut dépêché pour tenter d’empoisonner les réserves
de vivres de la garnison, mais il fut malheureusement repéré et cette mission
échoua.
Lotharo eu plus de succès dans ses opérations d’espionnage.
L’esprit très méticuleux du danselame fit merveille pour recueillir et retenir
tout ce flot d’informations. Bientôt, Annasthea disposa de rapports exhaustifs
sur les effectifs de l’ennemi, leur armement, le parcours des patrouilles,
leurs compositions, les lieux de casernements etc. Malgré tout, Lotharo
n’oubliait jamais de consacrer du temps à l’étude du fragment de l’artefact… à
moins que ça ne soit la fascination pour le pendentif de l’Aghna Grul à
laquelle il était rattaché ?
Concernant les soldats de la rébellion, outre les royalistes
et les troupes de marine éventuelles mis à disposition par Sorgau, il fallait
trouver d’autres combattants et Quine proposa de les trouver auprès des
nombreux réfugiés en dehors de la ville qui pourraient offrir un appui
extérieur.
Quine se faufila donc hors de Solaun sous un déguisement et
se mêla aux réfugiés exilés hors de la ville. La situation de ces malheureux la
révoltait : privés de nourriture et réprimés par les soldats de Reuvlyn,
ils vivaient dans des campements de tentes dans le plus total dénuement. La
prêtresse se dévoua corps et âmes à les soigner et à les nourrir avec l’aide
des provisions dénichées par le réseau de Snaefried et envoyées par Sorgau.
Elle leur faisait des discours passionnés pour les inciter à se soulever contre
la tyrannie. Bientôt de nombreux fidèles grossirent les rangs de l’insurrection.
Calidor et Snaefried prirent en charge l’entraînement de ces
volontaire, en faisant pour l’un des combattants et pour l’autre des saboteurs.
A partir de là, Annasthea proposa de couper les vivres aux
soldats de Reuvlyn. Privé du port en raison du blocus efficace de Sorgau, le
Prince faisait acheminer par convois les vivres destinées à la ville et qui
étaient distribuées en priorité aux soldats, puis aux citoyens. Les réfugiés
extérieurs n’ayant que de rares miettes. Des groupes de saboteurs d’élites, hautement
motivés par Quine et très bien entraînés par Snaefried se lancèrent dans des
opérations de prise et de détournement des convois qui se déroulèrent avec
succès.
L’approvisionnement de la garnison n’était désormais plus continu.
Outre que Reuvlyn devait dépêcher des troupes pour escorter ses convois et les
protéger des « brigands », le moral des troupes à Solaun baissait
fortement.
Pour Annasthéa, le fruit était désormais mûr et prêt à
tomber.
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