Renaissance
Compte-rendu n°9 – partie du 26 octobre 2023
La compagnie du Hibou Argenté :
- Annasthéa Serindë, l’archère arcanique cherchant à faire
renaître le vieux royaume de la Haute Forêt,
- Quine Holimion la Prêtresse de Corellon Larethian,
- Lotharo Siannodel, le chantelame en quête de savoir
- Calidor Eaucalme le barbare qui cherche à protéger le
monde des lapins garous
- Snaefried Ombreuse, seule non-elfe du groupe, une humaine
roublarde des quartiers chauds de Solaun qui suit la compagnie en
recherche de richesses.
Séparations
Le groupe sortit de la tombe dans
un silence pesant. Dornil, les yeux dans le vide semblait plongé dans la
réflexion et la mélancolie. Il accepta la nourriture et l’eau qu’on lui tendit
mais il semblait être ailleurs.
« Il va falloir se mettre en
route vers le point de rendez-vous avec Elefria. » Dit Annasthéa en
scrutant les montagnes Couvre-cîmes.
Le groupe opina et rassembla ses
affaires pour se mettre en route. Il monta les contreforts des Couvre-cîmes via
le petit sentier qui menait au col qu’Elefria leur avait décrit. Le temps était
nuageux et la forêt inhabituellement silencieuse.
Le sentier serpenta de plus en
plus jusqu’à arriver dans une corniche à l’entrée de laquelle Elefria les
attendait. La jeune elfe se jeta dans les bras de Dornil qui lui rendit un
sourire pâle mais sincère. Elle sembla comprendre instinctivement qu’il avait
traversé de dures épreuves. Elle ne posa pas de question sur ce qui s’était
passé dans la tombe.
« La voie est libre. Je n’ai
aperçu qu’une patrouille mais comme je le supposais, ce secteur est peu connu
et donc encore relativement sûr. Si nous nous dépêchons nous pourront passer le
col et arriver dans les terres du nord.
Annasthéa accompagna Elefria en
avant du groupe. La petite troupe passa la corniche avec malgré tout beaucoup
de nervosité. L’endroit se transforma
sur la fin en une passe qui n’offrait aucun refuge. S’ils croisaient des
ennemis en chemin cela pourrait très mal tourner.
Mais il n’en fut rien. Une fois
de l’autre côté, nos héros trouvèrent un creux dans un monticule, entouré de
sapins, un poste d’observation idéal et abrité.
Lotharo sorti ses composants et
incanta son rituel d’invocation de l’abri de Léomund dans le soir couchant. Les
nuages s’étaient quelques peu levés et les derniers rayons d’un pâle soleil
mettaient en valeur la majesté de la Haute Forêt.
Cela ne dura qu’un temps. Une
fois les ombres étendues sur le monde, l’atmosphère changea.
Nos amis se répartirent les tours
de gardes. Quine fut la première à s’y atteler. Rien ne vint troubler sa garde,
ce qui était inquiétant en soit. La forêt semblait dépérir. Le cœur de la
prêtresse se serra. Elle contempla à nouveau les vrilles arcaniques mauves se
soulever du sol dans le lointain et partant vers le nord… vers Drulnovar, leur
destination.
Quine fut interrompue par Annasthéa
qui lui tapota l’épaule. Elles échangèrent un regard entendu après avoir
ensemble contemplé l’horizon étoilé.
Annasthéa s’installa et finit
elle aussi par se plonger dans une réflexion morose sur l’avenir de la Haute
Forêt. Elle était perdue dans ses pensées quand Dornil s’assit à côté d’elle.
« Je ne trouve pas le
sommeil. » Dit-il. « Je vous dois la vie, ce que vous faites pour
nous est inestimable. Mais si je puis vous faire une demande, je souhaiterais
que vous me racontiez tout ce qui s’est passé après mon enlèvement. Hestia m’a
dit certaines choses, mais je ne sais pas si je pouvais la croire. Pourtant je
constate l’horreur qui s’est abattue sur nos terres. Comment en est-on arrivé
là ? »
Annasthéa raconta bien volontiers
à Dornil tout ce qu’ils avaient fait durant sa captivité : la fuite de
Solaun, le combat à Cornevent, le sauvetage à Alsidia et la révolution à
Solaun.
« Je comprends mieux. Le
plan de notre ennemi est complexe mais implacable. Il nous tient désormais dans
son étau. Mais grâce à vos actions je vois que tout espoir n’est pas
perdu ».
Un silence tomba un instant, Annasthéa
continuait de contempler le ciel étoilé tandis que Dornil semblait plongé dans
une profonde réflexion. Il finit par reprendre la parole.
« Je pense que je vous dois
des remerciements supplémentaires. Vos actions m’ont fait prendre conscience,
que quel que soit l’ampleur de l’adversité il allait falloir que je reprenne
mon destin en mains si je veux pouvoir aider à sauver la Haute Forêt. Vous êtes
embarqués dans une quête quasi désespérée contre un ennemi mortel. Nous devons
donc tous faire notre maximum pour vous donner un maximum de chances de
réussir. Je ne pourrais vous aider par la force des armes, mais j’ai, je le
pense, un autre rôle à jouer : je dois rassembler ce qui reste de notre peuple
et faire payer si durement à Skarnix ses méfaits qu’il ignorera votre venue. »
« Voilà qui est parlé comme
un prince » observa Annasthéa avec un sourire entendu.
« Je dois en tout cas faire
de mon mieux pour être digne de ce statut. »
Dornil se leva, plein de
résolution. Derrière lui Lotharo sortait à son tour de l’abri pour prendre son
quart.
« Demain nous serons sur les
terres de mon clan. Je vous guiderai à travers les bois. Je pense qu’il faut
que nous partions à la recherche des miens, ils pourront nous aider à vous
assurer un passage vers Drulnovar. »
« C’est une bonne idée. Cela
nous permettrait de grandement augmenter nos chances d’y parvenir discrètement
et rapidement. »
Les deux retournèrent dans l’abri
tandis que le magelame prit leur place sans mot dire.
Après s’être assuré d’être seul,
il sorti son livre et contempla les étoiles. Les vrilles mauves lui
apparaissaient fascinantes plus qu’effrayantes. Malgré lui il chuchota quelques
cantiques de l’Aghna Grul avant de s’arrêter, choqué de sa propre audace.
Lotharo resta à contempler silencieusement le ciel, avant de reprendre sa
lecture.
Le lendemain matin, le groupe se
réveilla dans une forêt toujours atone. Après un bref conciliabule, Dornil
soumis aux autres sa proposition d’aller à la recherche de réfugiés elfes.
« Je connais les abris de ce
côté-ci de la montagne. Ce sont nos terres. » Dit Dornil avec assurance.
La compagnie opina du chef.
Le prince prit la tête de la
troupe et les guida à travers des sentiers bien cachés entourées de fougères, invisibles
aux yeux non avertis. Le groupe erra plusieurs heures dans les frondaisons,
tâchant de se faire le plus discret possible.
Devant une falaise recouverte
d’herbes tombantes et de lierres, Dornil s’arrêta soudain et fit signe au
groupe de rester derrière. Il avança et parla en elfique des séries de phrases
qui ne semblait avoir aucun sens. Quelques instants après, elles reçurent une
réponse. Un elfe émergea de derrière les lierres, un arc à la main. Il avança,
vit Dornil et se figea.
« Monseigneur !? Nous
vous croyions mort ! »
« Je l’ai bien cru moi aussi
Gorduil. C’est une longue histoire. Peux-tu nous donner abri à moi et mes
compagnons ? »
« Bien sûr
Monseigneur. »
***
Quelques heures plus tard nos
amis se retrouvaient dans la caverne, devant un feu et autour d’une tasse de
thé de racines de Beshiig. Gorduin venait d’écouter le récit des derniers
événements et ne cachait pas sa stupeur.
« Voilà une incroyable
histoire ! Hestia est donc défaite et Solaun vient à notre secours ?
Inattendu mais qui redonne de l’espoir. C’est peut être bien tard
cependant, l’ennemi est puissant et nous sommes si peu nombreux. Si Solaun
arrive cela explique pourquoi l’armée ennemie se déporte vers l’ouest. »
« Justement, il faudrait que
les elfes parviennent à rassembler leur force pour combattre l’ennemi. De la
sorte, nous pourrons entrer dans Drulnovar et mettre un terme à tout
cela. » Répondit Annasthéa.
« Ce sera une tâche
difficile, nous sommes dispersés et n’avons que peu de communication avec les autres groupes, pour ce
qui est des autres clans nous ne savons pas ce qu’ils deviennent. Pour autant
que nous le sachions, ils peuvent avoir été anéantis. » Dit Gorduin, en
agitant la tête, le désespoir semblait avoir pris racine dans le cœur des
survivants.
« Mon clan est encore
debout! Nous pouvons apporter notre aide, j’en suis sûr » s’écria Elefria.
« Ne vaut-il pas mieux
tenter sa chance les armes à la main plutôt que de périr comme un
rat ? » persifla Lotharo.
Quine lui donna un coup de coude
pour le faire taire. Dornil leva la main en signe d’apaisement.
« Justement Gorduin, je vais le faire. Je
vais rassembler le clan, et au-delà de cela, je veux aller trouver les autres
pour frapper l’ennemi. Il faut être rapide. Je sais que Cardwel est épuisé mais
il faut qu’il communique avec ses collègues prêtres et tous ceux qu’il peut
contacter par magie. Pour les autres, il me faut quelques-uns de tes meilleurs
hommes pour m’accompagner et aller rapidement les trouver.».
Semblant sortir d’un rêve,
Gorduin regarda son prince avec détermination.
« Oui… Oui vous avez raison.
Je viendrais avec vous mon prince. »
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