Fragments du Passé
Compte-rendu n°4 – partie du 15 mars
2021
La compagnie du Hibou Argenté :
- Annasthéa Serindë, l’archère
arcanique cherchant à faire renaître le vieux royaume de la Haute
Forêt,
- Quine
Holimion la
Prêtresse de Corellon Larethian,
- Lotharo
Siannodel,
le chantelame en quête de savoir
- Calidor
Eaucalme le
barbare qui cherche à protéger le monde des lapins garous
- Snaefried
Ombreuse,
seule non-elfe du groupe, une humaine roublarde des quartiers chauds de
Solaun qui suit la compagnie en recherche de richesses.
La Délégation arrive
Pendant ce temps, Quine rendait visite à Lotharo à la
bibliothèque, histoire de voir si tout allait bien. Le chantelame était
toujours obnubilé par ses recherches.
« Ah quel est ce boucan ?! On ne peut pas se
concentrer ! » pesta-t-il.
Quine jeta un œil à la fenêtre et repéra un cortège qui
montait depuis la porte Est le long de l’avenue royale.
« Bon sang, ça doit être l’ambassade. Ramasse tes
affaires Lotharo, on sort, ça te fera du bien »
« Pffff » soupira le chantelame.
Le groupe se retrouva devant la porte du quartier noble.
Des gardes s’affairaient à nettoyer les traces de vomi et les déjections. Lorn Nez de Cochon les supervisait.
« Tu as le panier de fleurs ? Met en quelques
pétales là devant ça f’ra joli. Les elfes ça aime les fleurs… » dit
le sergent de ville de sa voix nasillarde.
« Eh salut le Hibou Argenté » fit il en
adressant un signe de la main aux aventuriers.
Le cortège arriva quelques minutes plus tard à leur
hauteur et nos amis purent discerner le Seigneur Mirnil et Dame Swendel en tête
de la délégation elfique. Ils saluèrent les aventuriers lorsqu’ils les virent.
Dornil suivait derrière son père. Il mit pied
à terre pour saluer ses amis.
Quine esquissa une courbette mais le prince elfe l’arrêta.
« Pas de cela entre nous dame Quine. Je suis content
que vous soyez là. J’espère avoir le temps de vous revoir durant notre séjour
ici. »
Engril Fénérian suivait avec la délégation de Lindhol, il
salua de façon appuyée les PJ et notamment Lotharo.
Le cortège arriva devant le palais des intendants où le
tapis rouge avait été déployé. Au sommet des marches, tous les princes
marchands étaient réunis. Lord Drystan accueillit les visiteurs au nom de
l’Intendant et les pria d’entrer dans le palais.
Nos amis retournèrent au hibou argenté. Lotharo prit Quine
à part
« Calidor… Il te parait normal ? Je veux dire,
il ne se nourrit pas que de carottes ? Il n’a pas des incisives
inhabituellement longues ou une aversion à l’argent ? »
« Non pas du tout » répondit la clerc.
« J’ai lu dans mes recherches que ces lapins garous
dont il nous bassine depuis des lustres travaillent avec l’Aghna Gruul et que
leur malédiction peut être transmise par morsure. Et il a été mordu. Surveille-le.
Simple précaution. » Poursuivit Lotharo.
En fin de matinée, le Sergent Lorn vint leur déposer une
invitation pour le bal donné en l’honneur des elfes ce soir à 20h.
« Fichtre il va falloir y aller. Ca ne me plait pas
cette perte de temps, mais si ça peut aider la Haute Forêt nous devrions en
être ! » dit Annasthea.
« Si Mirnil est là, le fragment aussi. J’espère que
celui de Solaun est sous bonne garde »
« D’après mes recherches, le trésor royal est plutôt
bien gardé » répondit Snaefried.
Tout le monde la regarda.
« Je suis une professionnelle, j’ai fais mes investigations »
ajouta-t-elle.
« Ouais, mais j’y connais rien moi en danse. » Dit
Calidor.
« Je peux t’apprendre. Et aussi un peu d’étiquette
elfique » le rassura Annasthea.
Depuis la salle voisine où il faisait ses katas, Lotharo
ricana : « Elle danse aussi bien qu’une chêvre des montagnes, à ta
place je me méfierai »
Piquée au vif Annasthea répondit « Eh oh ! Ca va
hein ! Ce n’est pas mon métier mais n’éxagère pas ».
Tout le monde tâcha de se rendre présentable. Lotharo se
rendit à la boutique de Snaefried pour lui acheter un costume pour lequel elle
lui fit un prix d’ami.
Le Bal
Nos amis se retrouvèrent donc dans la file d’attente devant le palais des
intendants. L’ancienne demeure de Nerhaum était connue pour héberger les bals
et réceptions diplomatiques. Autour d’eux des nobles endimanchés et des
marchands les toisaient avec dédain ou curiosité selon les cas.
« Ces elfes sont attifés comme des paysans. Si ce n’est pas
malheureux. »
« J’adoooooore le style elfique, c’est tellement à la mode »
Lorsque Snaefried les rejoignit, ils furent stupéfaits : la voleuse
avait attaché ses cheveux en un chignon élaboré retenu par des fils d’or avec
des mèches tombantes. Le maquillage à base de noir lui donnait un air vénéneux.
Mais plus encore sa robe noire largement décolletée et fendue fit jaser.
« Il n’y a plus aucune dignité de nos jours ! »Lança une
noble.
« Regardez cette traînée. Mais quelle tenue, c’est
incroyable ! » Persifla une autre.
Le moins que l’on puisse dire c’est que cela ne passait pas inaperçu. Mais
la roublarde s’en moquait. Le charisme et la parlote n’était pas son fort, mais
elle avait décidé de jouer sur un autre tableau ce soir.
« Tu es sûre que c’est une tenue adaptée ? » Fit Annasthea.
« Bien sûr. Je la trouve totalement adéquate même. » Répondit
Snaefried.
Le temps de faire contrôler leur carton d’invitation et nos amis arrivèrent
dans la salle de bal. La décoration était très chargée mais exquise :
fresques magnifiques sur les murs et la voûte, statues de maîtres et tentures
de prix partout.
Les invités dansaient ou étaient tous en grande discussion.
Nos amis croisèrent Dornil qui les salua à leur arrivée.
« Dame Quine, Dame Annasthea. C’est assez inhabituel de vous voir dans
ces tenues mais cela vous sied à ravir. » Complimenta le Prince.
« Merci. Ce n’est pas vraiment le type de soirée auxquelles nous
sommes habituées. » Répondit l’archère arcanique.
L’intendant Abassar discutait avec le Seigneur Mirnil. Lord Drystan et le
Prince Marchand Melvun Suldaï étaient à leur côté. Dame Swendel avait déjà un
groupe de prétendants.
« Petits fours Monsieur ?» demanda un page à Calidor.
« Avez-vous des carottes plutôt ? »
Le serviteur fut surpris : « Euh … je dois avoir ça, je vais en
chercher ». Il revint avec la botte de carottes demandée.
« Pssst ! » fit Lotharo à Quine. Le chantelame, qui faisait
mine d’admirer les peintures désigna Calidor. La prêtresse tourna la tête et vit
le barbare avec une poignée de carottes en main. Elle plissa les yeux puis regarda
à nouveau Lotharo.
Le chantelame avait un sourire satisfait et désigna son propre œil du
doigt. Il prit une nouvelle coupe de vin.
Annasthea alla extirper Dame Swendel de ses prétendants. La Dame fut ravie
de son initiative.
« Ils sont très prévenants mais cela devient fatiguant à la
longue »
« Oui, je ne comprends pas pourquoi nous perdons notre temps en bal au
lieu de sauver la Haute Forêt. Nous devrions être au combat. »
La Dame parti dans un rire doux.
« La fougue de la jeunesse. Patience jeune elfe. Lorsque l’on a des
responsabilités on est parfois obligé de faire des choses qui ne nous plaisent
pas »
« Oui vous avez raison. Si cela peut aider la noble cause, ma fois, je
ferais ce qu’il faut. Je ne peux cependant m’empêcher de penser que pendant que
nous batifolons, l’ennemi avance ses pions » répondit Annasthea
« J’ai bien peur que nous ayons assez rapidement de ses
nouvelles » dit la Dame d’un air sombre.
« Vous dansez ? J’ai très envie de danser. » Proposa soudain
Swendel
« Je ne suis pas très douée ». Fit l’archère arcanique.
« Peut importe. »
Cela se vérifia puisqu’elle écrasa le pied de la Dame et manqua de tomber à
plusieurs reprises, mais elle progressa. Elle entendit également le rire de
Lotharo dans son dos ce qui la motiva à s’appliquer.
Pendant ce temps Snaefried s’était mêlée à la conversation du Prince
Sorgau, un des plus importants commerçants d’outremer et possesseur des
chantiers navals. Elle se présenta comme une marchande qui monte actuellement
une affaire et cherche des investisseurs et des associés. D’abord peu
intéressé, le côté très tactile de Snaefried et son décolleté aidèrent
grandement à « fluidifier » la discussion. Le prince proposa à
Snaefried de poursuivre cette conversation dans son palais. Ce qu’elle accepta.
La soirée progressait. Vers 22h, la plupart des elfes était assaillis par
des prétendants et des piques assiettes de toutes sortes. Y compris nos amis
qui en repoussèrent plus d’un. Mirnil avait la Princesse Zeratsky, une brune
aux cheveux bouclés avec une robe bleue extravagante, qui lui tenait la jambe
depuis un bon moment. Dornil discutait avec une très belle femme en robe rouge depuis un moment, ils semblaient en parfaite
osmose.
Le barbare observait depuis un moment un noble frustre et édenté vêtu de
noir et d’or et il venait de l’accoster. Le type semblait agité, effrayé. Quine
se dit qu’il fallait agir.
« C’en est un ! Je le sais, regarde ses dents ! » Dit
Calidor
« Mais enfin c’est ridicule je ne vous connais pas,
laissez-moi ! » protesta l’invité. Il n’osait pas causer d’esclandre,
sans doute parce qu’il pensait que Calidor faisait partie de l’ambassade.
Quine parvint à convaincre les deux de sortir et posa sa bague d’argent sur
la joue du noble.
« Tu vois, ce n’en est pas un. Arrête maintenant. T’es bizarre en ce
moment. Viens, on va manger un peu ». Le noble détala sans demander son
reste. Au balcon au-dessus d’eux, des
rires se faisaient entendre. En levant la tête, ils virent Dornil et sa
prétendante converser de façon très proche.
L’intendant Abassar fit Signe à Annasthea de s’approcher. Elle appela Quine
qui hocha la tête et vint récupérer Lotharo.
« Quoi encore ?! » pesta le chantelame.
« On a besoin de toi. On doit aller voir l’intendant, faut faire un
peu de diplomatie. » Dit Quine
« Pfff. Oh a quoi bon ?! Ce n’est pas mon problème ça. C’est le
truc à Engril la parlotte, il a toujours été bon pour ça, c’est lui que vous
devriez emmener » répondit Lotharo
« Oui mais c’est toi qui fait partie de notre groupe. » coupa
Quine.
Abassar les accueillit avec joie. Il semblait toujours faible et n’avait
pas quitté son fauteuil de la soirée. Il leur indiqua que les négociations
étaient en bonne voie, mais que certains princes marchands étaient encore
réticents. Il espérait les convaincre pour
sécuriser le vote de demain au Conseil. Il demanda donc aux aventuriers du
Hibou Argenté de prononcer un discours devant la chambre.
« Ainsi je suis sûr que votre plaidoyer saura emporter la
décision. Si le vote est favorable nous signerons le traité dans la foulée
et nous pourrons commencer à envoyer des troupes. D’ailleurs mon fidèle Drystan
avec l’aide de Reuvlyn et Algar ont fait le nécessaire pour amener des soldats
en ville. Nous avons rassemblé un contingent de départ assez conséquent à
l’intérieur des murs de la ville. Cela pourra aller vite »
« Ce sera avec plaisir, Intendant » dit Annasthea.
« Bien, maintenant aller vous amuser un peu, je vais me retirer, je suis las. Drystan emmenez donc danser cette jeune fille.»
Le ministre tendit sa main à Annasthea : « Me permettez-vous ? »
La jeune elfe était embarrassée par sa prestation précédente mais
lorsqu’elle vit Lotharo prendre lui-même une cavalière et la défier du regard,
elle accepta avec détermination.
Drystan s’avéra être un excellent danseur et un bon partenaire, l’archère
arcanique parvint cette fois à bien se coordonner et à enchaîner les
mouvements. Ils formaient un bon duo. Et même elle y prit goût. Sa prestation
fut plus qu’honorable et elle fut très satisfaite d’elle-même.
« Vous semblez apprendre vite. » dit le ministre.
« Tout vient à point on dirait » dit-elle avec un sourire. Ils
poursuivirent leur périple dans la foule des danseurs tandis qu’un
« Ooooh » retentit : Lotharo venait de chuter, sans doute un peu
alcoolisé.
Annasthea le toisa avec un sourire satisfait et continua. Piqué au vif, le
chantelame regagna le banc avec Fénérian
« Je serai très heureux de vous compter parmi mes associés. Mais je
suis très soucieux de leur fiabilité. Une relation de confiance implique de la
proximité. » Dit le prince à la roublarde.
« Eh bien cela est exact. Mais
je suis sûr qu’avec une juste motivation, il est possible de durcir des
liens…. »
«Hem…En effet. Voyez-vous j’ai dans
ce tiroir des bijoux que j’ai acheté récemment ainsi que de la lingerie fine de
grand prix. Me ferez-vous l’honneur de la porter ? En échange vous pourrez
les garder en signe de bonne volonté. »
L’invitation était limpide, mais Snaefried n’était pas du genre à laisser
passer les occasions. Elle fit glisser sa robe…
***
Pour nos amis la soirée se termina à peu avant minuit. Ils retournèrent au
hibou argenté et se mirent en transe dans leur chambre pour la plupart. Seule
Quine veilla un peu pour faire ses prières du soir.
Alors qu’elle terminait. Elle vit Snaefried entrer. Elle remarqua que sa
coiffure était défaite, elle tenait ses chaussures à talon dans les mains. Elle
semblait porter un porte-jarretelles sous sa robe et ses bras et son cou étaient
couvert de bracelets et de pendentifs en métaux précieux.
La roublarde repéra Quine et s’arrêta comme prise en défaut, fixa la
prêtresse puis monta l’escalier pour se poser dans sa chambre.
Quine soupira. Ferma son livre d’un claquement sec, souffla la bougie et
monta faire sa transe.
Trahison
Au beau milieu de la nuit Annasthea fut réveillée par un
bruit. Un cri peut être ? Ses sens étaient en alerte. Elle regarda
l’Horloge : il était 4h du matin.
Annasthea se leva et alla regarder par la fenêtre et ce
qu’elle vit la sidéra : une forte troupe de soldats encerclaient
discrètement l’auberge du Hibou Argenté. Le cri qu’elle avait entendu était
celui d’un ivrogne que les soldats avait dégagé de leur chemin. Elle discerna
des gardes du guet, mais également des soldats de l’armée, des mages de guerre…
Ils étaient des dizaines. Cela ne présageait rien de bon
Elle bondit pour prévenir les autres et tous s’habillèrent
en catastrophe pour aller constater la situation de visu.
Ils étaient encerclés. Annasthea ouvrit la porte et
reconnu le sergent Lorn.
« Que se passe-t-il sergent ? ». dit-elle.
« Vous êtes en état d’arrestation, tous. Pour meurtre
et atteinte à la sûreté de l’état. » Annonça Lorn
« Meurtre ?! C’est ridicule ! Meurtre de
qui ?! » Répondit Annasthea incrédule.
« Du seigneur Mirnil et de plusieurs de ses gardes
lors d’une attaque ayant eu lieu cette nuit. » Enonça Lorn.
Quoi !? Mais c’est impossible !!! Nous étions
ici ! C’est un coup monté ! Vous devez nous croire ! »
S’écria l’archère arcanique.
« Désolé, moi j’applique les ordres. Les gardes elfes
et le personnel survivants vous ont
formellement reconnus. Rendez vous gentillement et vous aurez droit à un procès
équitable. » Poursuivit le Sergent.
Annasthea accusait le coup.
« Je… je dois en discuter avec les autres. Vous
pouvez au moins nous accorder ça sergent. »
« Vous avez 5 minutes. De toute manière nous
encerclons le bâtiment, si vous tentez d’attaquer ou de fuir nous avons ordre
d’employer la force autant que nécessaire. Ne faites pas de bêtise. »
L’archère arcanique referma la porte et se tourna vers ses
amis. Tous étaient abasourdis.
« C’est impossible… impossible » souffla
Annasthea.
« On nous a doublé c’est évident. » dit Lotharo.
« Il faut se rendre et défendre notre honneur. Nous
n’avons rien fait, nous le prouverons. On s’expliquera avec les
autorités » dit l’archère arcanique.
« Tu as entendu Lotharo ? Il a raison c’est un
complot. Si on se rend, nous somme cuits, on finira pendus. » s’exclama
Quine.
« la peine pour ces crimes est la mort »
commenta simplement Snaefried. La roublarde semblait réfléchir.
« Et tu vois une autre solution
peut-être ?! » s’exclama Annasthea.
« Se battre » dit Calidor.
« C’est du suicide » répliqua-t-elle.
« Hem… »
Snaefried se racla la gorge.
« J’ai peut être … Une autre solution. »
Tout le monde la regarda fixement un instant. La roublarde
avait son petit air mi-sérieux mi-rigolard qui indiquait manifestement qu’elle
avait une idée derrière la tête.
Le groupe attrapa son sac à dos et ses armures et armes.
Pas le temps de les mettre mais ils en auraient besoin malgré tout. Snaefried
les guida à la cave alors que les bruits de l’assaut retentissaient en haut.
Elle déplaça le nouveau présentoir à vins qu’elle avait
acheté récemment et leur désigna un trou donnant vers une galerie.
« Alors c’est ça qu’ils creusaient tes
ouvriers ? Je me disais bien que les travaux de réfection du parquet de la
cave n’avançaient pas vite. Va falloir qu’on discute de ça plus
tard. » dit Annasthea en passant
devant elle.
Snaefried sourit.
Au dessus ils entendirent des bruits de vitres brisées et de portes enfoncées. Une
fois le dernier de ses compagnons entrés, la roublarde glissa de nouveau le
présentoir devant le trou.
Le groupe descendit un escalier creusé qui finit sur une
porte en bois donnant directement sur les égoûts. Snaefried repassa devant et
réfléchit. Elle fit signe de passer à droite et longea un caniveau sur
plusieurs dizaines de mètres puis traversa pour continuer à gauche sur une
centaines de mètres, avant de s’arrêter devant un gros tuyau de pierre.
Visiblement des marqueurs à la craie lui permettaient de se repérer.
Il entrèrent dans le tuyau, puis la voleuse déplaça la
grille qui était en fait factice : du simple bois peint à la peinture
métallique. Derrière sur la gauche, un passage donnait sur un escalier et il
débouchèrent sur une pièce où ronflait un homme un peu bedonnant avec une barbe
de 4 jours , assis sur une chaise, les pieds
sur une table. La salle donnait sur deux autres pièces : une avec des paillasses et la seconde, plus
grande, semblant contenir de nombreuses caisses.
Snaefried frappa la table et l’homme sursauta.
« Debout Jamry, je ne te paye pas à dormir ».
« Oh cheffe c’est vous ! Désolé il ne se passe
pas grand-chose alors…. C’est des clients que vous amenez ? Il
viennent pour le sucre de lune ? De l’herbe ? On en a de la bonne…»
« Ca va arrête ! Non ce sont mes associés. Y a
eu un problème en haut, on va devoir vivre clandestinement quelques
temps. »
« Ah ouais ! Alors on passe au stade supérieur,
on devient une vraie guilde de voleurs hein c’est ça ? Cooooool »
« Tu m’fatigues. Va chercher Rolf et Martine. Et
essaye d’en savoir un peu plus sur ce qui s’est passé en haut, il parait qu’on
est recherché. »
« Tout de suite cheffe » Jamry fila récupérer ses affaires et emprunta
le tunnel.
Les autres n’en revenaient pas de tout ce que cette
satanée roublarde avait construit sous leur nez.
« Bon ben… Faites comme chez vous. Il y a des
paillase et de la nourriture là bas. C’est pas un palais mais ça fera l’affaire. »
Enonça Snaefried en tendant les bras.
« Ne me parlez plus de palais de toute
manière. Mais qu’est ce qui s’est passé ?! C’est quoi ce cauchemar !? »
dit Annasthea en s’effondrant sur une chaise.
« C’est évident on a été trahi. » dit Lotharo.
« Oui et il faudra trouver quoi faire désormais. Nous
sommes hors la loi. C’est fini pour nous a priori. On devra peut être fuir la
ville. D’un autre côté je n’ai pas envie de fuir sans combattre. Je garde
espoir que peut être on peut solliciter un allié ou deux et rétablir notre
honneur.»
« Après ce soir, je n’ai confiance en personne si ce
n’est les gens qui sont dans cette pièce. » Coupa Quine livide.
«Il faut en savoir plus sur ce qui s’est réellement
passé » Dit Lotharo. « il faut trouver qui nous a trahi, comment ça
s’est passé, où et enquêter.»
« Il a dit que des elfes nous avaient dénoncé. C’est
peut être un coup de Fénérian, je ne le sentais pas celui-là » dit
Annasthea
« Je ne te permet pas d’accuser Engril ! Il a
toujours été un ami fidèle, j’en ai ras le bol de ta paranoïa sylvestre. »
« Ah oui ?! Et bien peut être que tu as des
théories toi ? Mais tu ne t’intérressais pas trop à notre mission ces
derniers temps » persifla l’archère arcanique.
« C’était pour la bonne cause. Je cherchais une
solution de mon côté. Quel dommage ! Avec cet incident je ne pourrais pas
compléter mes recherches, cela aurait pu… » se lamenta Lotharo.
« Un incident ?! Un INCIDENT ?! »
s’écria Quine les yeux brillants « On a tout perdu. TOUT. Et toi il n’y a
que ça qui t’intéresses , tes fichues recherches !!! On est hors la loi
pour un crime qu’on n’a pas commis, on
n’a plus rien. Mon temple, l’aide pour les nécessiteux, tout mon rêve est
brisé ! » La prêtresse fondit en larmes.
Tout le monde fit silence.
Gênée Lotharo dit : « Euh … Quine… Hé…
Quine tu va pas pleurer hein ? D’habitude c’est toi qui réconforte les
gens… Hé !! Arrête ça.. ça… ça m’gêne » et il la prit dans ses bras.
« Bon arrêtons de nous disputer les gars,
oh ! » dit Calidor.
« Tu as raison. On va se reposer un peu en attendant
le retour de Jamry » dit Annasthea en se penchant en arrière et en fermant
les yeux.
Le groupe prit un repos mérité mais stressant.
L’adrénaline de la fuite avait fait place à l’amertume.
Jamry revint vers 8h.
« Rhoooo la la cheffe ! Vous avez foutu une de
ces merdes. Oh oh oh ! » Dit le voleur.
« Epargne moi tes observations, qu’est ce qui s’est
passé ? On nous recherche ?» Fit Snaefried.
« Oh ça oui. Donc vous auriez tué un elfe, un Mir…
Mir-laine ? Que’qu’chose comme ça et des gardes. L’hotel particulier qu’on
avait mis à la disposition des ces elfes a été attaqué par surprise et
apparemment tous les témoins vous ont désigné coupables. Apparemment le traité
c’est mort. Et oui on vous recherche, j’ai même vu des patrouilles dans les
égoûts. Mais je pense qu’avec un bon déguisement c’est jouable.
Martine et Rolf arrivèrent quelques dizaines de minutes
plus tard. Snaefried leur dit de se poster aux endroits stratégique et de
tendre l’oreille.
Enquête clandestine.
« Bon ne nous laissons pas abattre. On va essayer
d’en savoir plus. Snaefried ? Tu peux nous filer des fringues et un
déguisement crédible » demanda Annasthea.
La roublarde marcha vers l’entrepôt, ouvrit une armoire et
en sortit des vêtements. « T’inquiète, j’ai tout ce qu’il faut »
Fit-elle dans un sourire.
« Moi je veux pouvoir aller voir ce qui se passe au
temple » Dit Quine
« Sois prudente, il sera certainement surveillé. »
Répondit Annasthea.
« Ne t’inquiète pas, j’observerais de loin. » La
rassura Quine.
« Moi je vais aller voir un contact utile »
Ajouta Snaefried.
« Et moi je vais essayer de m’infiltrer sur les lieux
du meurtre » Dit Calidor.
« Et toi Lotharo ? » Dit Quine en fixant le
danselame a nouveau absorbé dans son grimoire.
« On a besoin de toi !! »
insista-t-elle.
« Oui je… Je vais essayer de rencontrer Engril, il
pourra sûrement nous aider. »
« Bien, pour ma part je vais tenter une autre
approche. On se retrouve ici vers 15h, d’accord ? Soyez tous
prudents » Conclut Annasthea.
Une fois les autres partis. Annasthea s’assit, prit son
encrier et noircit les pages du parchemin. Elle écrivit une longue missive
qu’elle mit du temps à tourner de la façon qu’elle voulait. Puis elle
l’enroula, versa de la cire et la marqua du sceau du Hibou Argenté.
Elle réfléchit un instant aux implications de son geste et
aux risques que cela comportait. Puis, elle appela Jamry.
« Fait donner ceci à Lord Drystan. »
***
Au palais du Prince Sorgau, un page s’adressa à son maître
encore en robe de chambre dans ses appartements : « Votre colis est
là Monseigneur .»
« Quel colis ? » Répondit le Prince
surpris. Colis était le code pour les courtisanes. Sorgau ouvrit la porte de sa
chambre et se retrouva nez à nez avec Snaefried.
« VOUS !!!! Qu-que faites vous ici ????!!!!
Vous êtes recherchée, une meurtrière ! Gardes !!! »
« Je leur ai dit que vous vouliez de l’intimité. Mais
pas d’inquiétude, je veux juste discuter affaires. Ce qui s’est passé ce
soir est un coup monté pour torpiller le traité. Je vous promet que nous n’y
sommes pour rien et on a bien l’intention de savoir qui est derrière ça. Si la
guerre dégénère au nord vos intérêts vont en pâtir Monseigneur, j’en déduis
logiquement que vous n’êtes pas impliqué dans ces événéments. »
Sorgau se détendit. « Ne restez pas dans le couloir,
entrez. J’espère que personne ne vous a reconnu.»
« Pas d’inquiétude, je sais être discrète. »
minauda Snaefried.
« Continuez. » Dit-il une fois à l’intérieur.
Snaefried caressant distraitement les bibelots de prix
situés sur les meubles poursuivit :
« Pour monter un coup pareil il faut certainement des
appuis en haut lieu. Je pense donc qu’un ou plusieurs de vos collègues cherchent
à vous nuire et à avancer leurs pions. Ne pensez vous pas qu’on devrait les
arrêter ? »
« Et comment ferez vous ? Vous êtes recherchés
par la garde. Je ferai bien de vous faire coffrer ici et maintenant et d’en
tirer la gloire »
« Oui mais ça ne résoudra pas le problème de la
guerre. Je m’attends à ce que vous visiez plus haut. Je vous assure que j’ai
encore toute l’assise nécessaire pour agir si vous me dites tout ce que vous
savez sur cette affaire. Ca ne coûte rien d’essayer.»
Elle s’approcha de Sorgau et glissa ses mains dans la robe de chambre de
soie : « nous pourrions en tirer mutuel bénéfice. Eliminer un ou deux
rivaux ne serait pas pour vous déplaire non ? Et au pire si j’ai tort, je
suis arrêtée. » dit-elle.
Le Prince fit un sourire intéressé. Il expliqua à
Snaefried le déroulé des événéments, qui corroborait ce que Jamry avait dit. Mais elle apprit en
plus que Dame Swendel avait été blessée et « exfiltrée » ce matin par
les survivants de sa délégation. Mirnil quant à lui avait été tué et Dornil
ainsi qu’une autre elfe du nom d’Enae, capturés ou en tout cas disparus.
L’attaque avait visiblement été rapide et précise, minutieusement préparée. Les
gardes elfes ont été submergés, selon le récit des survivants, par les
aventuriers du Hibou Argenté accompagnés de mercenaires dirigés par une femme en rouge. L’hôtel
particulier mis à la disposition des elfes était l’hôtel Bonnerive non loin de
l’ambassade de Lindhol. De plus l’Intendant avait fait un malaise et était
désormais incapable de régner. Lord Drystan faisait l’intérim en attendant que
le Conseil des Princes Marchand statue.
« J’imagine que si vous démasquez les coupables d’une
telle machination votre influence n’en sera que plus grande. Et bien sûr cela
pourra sauvegarder nos futurs intérêts communs » Dit Snaefried.
Elle prit le verre que le Prince tenait et le posa sur la
table. Puis elle lui tourna le dos et marcha vers la chambre d’une démarche
suggestive avant de tourner la tête et de lui lancer par-dessus l’épaule :
« J’ai un peu de temps devant moi. »
Calidor avait de son côté tenté de s’introduire dans l’hotel Bonnerive, mais alors qu’il observait l’édifice, il remarqua un homme qui mangeait une carotte. La fatigue et la frustration de la nuit passée prirent le dessus et il fut victime d’une crise. Il fonça sur la personne et lui vociféra :
« Tu en es hein ? Transforme toi ! J’en
suis sûr » dit il en secouant le malheureux.
Manque de chance, son chapeau glissa au moment où une
forte troupe de soldats passait…
« oh oh » souffla-t-il.
***
En milieu d’après midi, dans la tranche horaire fixée, les
autres revinrent.
« Mon temple a été fermé. Ils … Ils ont arrêté
Talindra. Elle croupit dans les cachots. Les nécessiteux n’ont plus notre
soutien » La prêtresse était désepérée.
« Ne t’inquiète pas, on trouvera une solution. »
Dit Annasthea en posant une main sur son épaule.
Lotharo fut le second à revenir.
« J’ai essayé de voir Engril mais son ambassade était
trop gardée. Je suis désolé. » Dit le chantelame.
Puis ce fut Snaefried.
« j’ai des infos. » Dit-elle simplement.
Elle partagea avec ses amis tout ce qu’elle avait appris
du Prince Marchand Sorgau.
« Mais où a tu pêché ces détails ? »
s’exclama Annasthea étonné.
« J’ai une bonne source. » Répondit simplement
Snaefried.
« Il est où Calidor ? » s’inquiéta Quine.
Les heures passèrent sans nouvelles de lui.
« Il faut peut être envisager qu’il lui soit arrivé
quelque chose. » Conclut Lotharo.
Jamry revint vers 18h avec du ravitaillement. Puis Rolf et
Martine arrivèrent avec des nouvelles de leurs espions : Calidor avait
causé un esclandre devant l’Hotel Bonnerive pour une histoire de carottes et
avait été arrêté.
« Bon sang ! On avait bien besoin de ça ! »
Pesta Lotharo.
Quine baissa la tête pour dissimuler son angoisse.
« Oh le con… » murmura Snaefried en se frappant
le front.
Jamry s’approcha discrètement d’Annasthea et lui tendit un
plis cacheté.
« Madame. Il y a une réponse ».
Annasthea lut la lettre et fixa le vide pensivement avant
de prendre un air déterminé.
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