Fragments du Passé
Compte-rendu n°5 – partie du 29 mars
2021
La compagnie du Hibou Argenté :
- Annasthéa Serindë, l’archère
arcanique cherchant à faire renaître le vieux royaume de la Haute
Forêt,
- Quine
Holimion la
Prêtresse de Corellon Larethian,
- Lotharo
Siannodel,
le chantelame en quête de savoir
- Calidor
Eaucalme le
barbare qui cherche à protéger le monde des lapins garous
- Snaefried
Ombreuse,
seule non-elfe du groupe, une humaine roublarde des quartiers chauds de
Solaun qui suit la compagnie en recherche de richesses.
Entrevue nocturne
La lettre de Drystan invitait Annasthea à se rendre de
nuit au château du guet, à son bureau. Il y avait des instructions pour s’y
rendre sans éveiller de soupçons. Du moins c’est ce qui était promis.
« C’est un piège » commenta Quine.
L’archère arcanique resta pensive.
Le soir venu Annasthea et Snaefried se rendirent au rendez
vous à la tour de la garde.
« Tu es sûre que c’est une bonne idée ? »
dit la roublarde.
« Pas le choix, j’ai l’intuition qu’on peut lui faire
confiance. Mais je ne peux être certaine de rien, c’est un risque à
prendre. »
Le château était un petit complexe qui rassemblait
l’administration, la caserne du guet, le ministère et la prison. Snaefried fixa
cette dernière.
« Si tu te trompe tu rejoindras Calidor là bas. »
Puis la roublarde se cacha dans un coin sombre.
Annasthea entra dans la cour encore grouillante
d’animation malgré le soir tombant. Elle était pleine de plaignants, de gardes
ou de commerçants qui vendaient de la nourriture à ces derniers. Elle la traversa vers les bureaux du
ministère puis bifurqua conformément aux instructions vers les écuries puis
tout de suite à droite une poterne donnait sur une tour non gardée du bâtiment
d’administration. La porte ouvrait sur un
escalier en colimaçon. Elle traversa les couloirs vides en tâchant de se
rappeler l’emplacement du bureau de Drystan.
Puis elle fut soudain encerclée par une dizaine de gardes
qui la désarmèrent et la conduisirent au bureau du ministre.
Lorsqu’elle entra dans la pièce, Drystan était dos à elle
contemplant la liasse de papiers sur son bureau.
« laissez nous. » dit-il
« mais vous êtes sûr que… ? » répondit le
sergent.
Drystan leva une main pour couper court. Les gardes
sortirent. Il y eu un moment de silence avant que le ministre poursuive,
toujours en contemplant son bureau.
« Vous avez du courage d’être venue ici dans votre
situation. Ou alors c’est de la folie. » dit Drystan
« Le sentiment d’injustice fait prendre des
risques » répondit l’archère arcanique.
« Injustice ? C’est assez piquant étant donné
l’avalanche de témoignages qui vous met en cause. Vous avez trahi. Le traité est
mort-né et la ville est en ébullition. L’intendant est au plus mal. Les princes
se disputent. »
« Nous n’y sommes pour rien, nous avons été
piégés ! Nous n’avions aucun intérêt à faire échouer ce traité que nous
avons tout fait pour obtenir. Vous le savez. »
« Peut être. Mais il y a tout de même tant de gens
qui vous ont vu attaquer l’ambassade elfique. Des gens qui disaient la vérité
nous les avons passés sous un sort de détection des mensonges. » ajouta le
ministre.
« C’est un complot, ils ont du utiliser des moyens
magiques pour nous incriminer, nous étions au Hibou Argenté à ce moment. Il est
évident qu’une telle opération a été préparée avec des complicités étendues et
avait pour but de faire échouer les négociations et de nous discréditer. Que vous dit votre instinct ? »
répondit l’archère arcanique.
« Aussi stupide que cela puisse paraître il me dit
que vous êtes digne de confiance » souffla Drystan
Puis il se tourna avec un étrange sourire.
«Mais vous. Qu’est ce qui vous fait croire que vous pouvez
me faire confiance ? »
« Rien. Mais je suis mon instinct moi aussi.»
« Admettons que je vous crois et que je veuille vous
aider. Je risque ma carrière et ma vie. Alors que je pourrais simplement vous
jeter en prison et sauver ma place… et dans quelques années qui sait ? Je
serais peut être intendant ou Prince. »
« Mais si nous avons raison vous pouvez être un héros
dès maintenant. »
Drystan sourit à nouveau et fit signe à Annasthea de
s’approcher .
« Voici tout ce que j’ai rassemblé jusqu’à présent.
Les quelques assaillants tués dans l’attaque faisaient partie d’une bande de
Mercenaires appelée les Etoiles Noires de Sylnora »
« Je les connais. Ils sont nouveaux dans le métier,
mais ils ont les dents longues et ne sont pas très regardant sur les
missions »
« Précisément. J’ai fait fouiller leur planque, une
auberge appelée le Rat Dansant, mais ils n’ont pas refait surface. Mais nous
savons que leur chef et les autres sont sortis de l’ambassade par un moyen
inconnu avec deux prisonniers : le prince Dornil et une de ses guerrières
appelée Enae. Comment ils sont entrés dans l’ambassade malgrés les glyphes et
les sorts d’alarme est également un mystère. »
« c’était un coup monté. Je pense que l’Aghna Gruul
était derrière tout ça. Et je soupçonne également que Lindhol soit impliqué.
Les gens disent aussi que le chef des assaillants était une femme en rouge. Je
suis certain que c’est celle qui discutait avec le prince Dornil durant le bal. »
Drystan réfléchit.
« Oui. Je m’en souviens vaguement. Je ne la
connaissait pas. Je vais me renseigner auprès du chambellan de l’intendant pour
essayer de savoir qui c’est. Ce n’est peut être rien mais en l’état actuel
toute piste est bonne à prendre. En revanche je ne vois rien qui incrimine
Lindhol, l’ambassadeur Fenerian a toujours été de bon conseil, mais bon, on ne
sait jamais... Si c’est un coup monté il se peut que je ne puisse pas
faire confiance à mes services. Les gardes dehors sont mes éléments de
confiance mais on ne peut jamais être sûr.»
« Peut être que la guilde des voleurs saurait quelque
chose ? » ajouta Annasthea.
« Depuis que je suis ministre de l’intérieur,
j’essaye de combattre l’influence néfaste de Maître Vance, alors je doute
d’avoir la capacité de jouer de ce type de relations » ricana le ministre.
« je connais quelqu’un qui pourrait. Bien, nous
tâcherons d’enquêter de notre côté sans vous impliquer. Vous nous avez donné
des renseignements précieux. Toutefois il y a un autre problème : notre
compagnon Calidor. Pouvez vous le faire libérer ? »
«Ca c’est un risque que je ne suis pas prêt à
prendre. Ici il est sous ma responsabilité. Je vais vraisemblablement vous
laisser partir, alors si lui aussi s’enfuit le conseil me déchoierait de ma
charge après un tel échec au cœur même de la prison. » objecta Drystan.
« il me semble que les détenus fous doivent être
conduits dans la prison de l’asile des Flots Radieux non ? » proposa
Annasthea
Drystan plissa les yeux puis sourit en comprenant.
« En effet. Il pourrait y avoir un problème de
transferement. Mais il est trop risqué que je vous conduise à la prison pour
lui parler. »
« Ne vous inquiétez pas on trouvera un moyen. Je vous
demande juste de prévenir lorsqu’il sera transféré. Utilisons le même
canal que précédemment.»
« d’accord » Puis l’homme dégaîna son épée.
Annasthea eu un mouvement de recul. Il trancha ses liens.
« Je préférerai nettement une nouvelle danse avec
vous, belle dame, mais maintenant il va falloir nager. » Il désigna de la
tête la fenêtre sur leur droite. « Je propose que vous passiez à travers
cette vitre pour plonger dans le canal en contrebas. Faites moi une belle
évasion. »
Annasthea s’approcha de la fenêtre.
« Pour la danse, ce n’est que partie remise
Monseigneur. Merci. » Puis elle se propulsa à travers la vitre et plongea
dans l’eau.
Annasthea nagea au plus vite vers la rive. Elle entendit
les cris furieux de Drystan qui sonnait l’alerte et aboyait des ordres aux
gardes.
Une fois hors de l’eau elle se fondit dans l’ombre des
ruelles….Bientôt suivie par Snaefried.
Evasion.
Une fois de retour à la planque, Annasthea raconta son
entrevue aux autres.
« Je peux communiquer par magie avec Calidor. Mais
seulement une courte phrase. Que veux tu lui passer comme message ? »
proposa Quine.
« Evasion en vue. Fais le fou. Lapin. » dit
Lotharo avec un sourire.
Snaefried se tourna vers Jamry.
« Tu sais comment contacter la guilde ? »
« ben on a eu une rixe avec Bastulf sur le port
encore avant-hier, mais c’était pas très grave donc je dois pouvoir lui faire
passer un message » répondit le roublard.
« Parfait. Eh bien dit lui que je veux une entrevue
avec Vance. Invoque le droit de pourparler. »
« ok cheffe. » dit Jamry.
« Toi Martine tu iras vérifier s’il y a une réponse
de Lord Drystan. » conclut Snaefried.
« pas de soucis cheffe. » dit la jeune roublarde.
« Bon en attendant, un peu de sommeil ne sera pas de
refus » dit Lotharo.
***
Lord
Drystan suivit le gardien dans l’escalier en colimaçon amenant au bloc C. Les
hurlements étaient assourdissants. Toute la prison semblait sens dessus dessous
et les prisonniers survoltés.
« Je
suis désolé Monseigneur. C’est à cause du nouveau. Ce type est malsin, il est
devenu complètement ingérable. Il a commencé à proférer des menaces et des
horreurs. On lui a bien mis quelques coups mais rien à faire. Et
maintenant toutes les cellules sont en ébullition.»
Le
ministre hocha la tête et fit signe d’avancer. Arrivé sur place le spectacle
était …Perturbant.
Calidor,
nu, accroché aux barreaux de sa cellule, simulait un coït entre deux d’entre
eux en hurlant des insanités.
« Vous
finirez tous morts !!!! Vos femmes seront violées !!! Les lapins
garous les prendront comme ça !!!! Et ils se reproduiront pour dominer le
moooooooonde !!!! »
La
base lui coulait des lèvres, il avait un regard fou. Il semblait également
avoir défèqué dans sa cellule.
« Je
pense qu’il est clair que cet elfe n’a plus toute sa raison. Cette situation ne
peut plus durer. Le règlement est clair. Préparez un transfert à l’asile dans
l’attente de son procès. » énonça Drystan.
« bien
Monseigneur. » Dit le garde soulagé.
***
La
rue de la cavalcade portait mal son nom. C’était une rue perpendiculaire de
l’avenue royale mais très étroite et située dans un quartier pauvre. Mais elle
permettait de rejoindre directement
l’asile des Flots Radieux sans devoir faire de détours par les rues
commerçantes ou par le marché aux épices. Mères de famille, mendiants,
prostituées et journaliers se coitoyaient le long de cette grande rue qui comptait
nombre d’immeubles d’habitations insalubres et surpeuplés. Des cordes à linge
était suspendues entre les deux côtés de la rue et les commères discutaient
parfois même d’une fenêtre à l’autre.
Nos
amis, déguisés en gens du commun, s’étaient rendus sur place vers 9h30. Ils
avaient reçus, en début de matinée, un message de Lord Drystan leur indiquant
que le transfert aurait lieu à 10h et qu’il passerait par ici.
Snaefried
s’était avancée près de l’impasse du torchon. Une ruelle perpendiculaire à
celle de la cavalcade et qui se terminait par un mur de 2m de haut donnant sur
une série de jardins. Elle et Annasthea
y avait préparé une corde puis étaient entrées dans l’immeuble qui
faisait l’angle. L’archère arcanique était restée à la porte. Snaefried quant à
elle, slalomant entre les matronnes et les gamins se posta à la fenêtre du
premier étage et regarda le haut de la rue. Elle vit arriver une charrette-prison
escortée de six gardes. Elle siffla à l’attention de Quine et Lotharo qui
étaient en bas.
La
prêtresse et le danselame hochèrent la tête en signe d’acquiescement. Déguisés
en un vieillard et une femme du peuple, ils devaient faire diversion. Sitôt le
convoi arrivé à hauteur de l’impasse, Lotharo simula un malaise.
« Oooooh….
Je… Je me sens mal…..maaaal… » gémit-il.
Quine
se porta opportunément à son secours. Le convoi s’arrêta, la porte sectionnelle
du chariot-prison donnant pile sur l’impasse.
Les
gardes s’impatientèrent. « que se passe-t-il ? Laissez passer ! »
« Il
n’est pas bien . Aidez nous ! »
« je
ne suis pas là pour faire le bon samaritain dégagez. »
« Comment ?!
C’est comme ça que la garde, censée nous aider, traite les citoyens ?! »
« Nous
on fait regner l’ordre, on n’est pas des foutues vestales » ajouta le
caporal.
Lotharo
marmona une incantation et une odeur pestilentielle se dégagea de lui.
« Ah
mais… Qu’est ce que….Mais c’est déguelasse ! Il est déjà pourri de l’intérieur.
Il doit être mort ou pas loin. Moi je l’approche pas » eructa le garde en
se pinçant le nez.
« C’est
insultant vraiment » poursuivit Quine feignant l’indignation.
Les
autres gardes s’avancèrent pour voir pourquoi le chariot n’avançait pas.
La
tension monta d’un cran lorsqu’une prostituée interpella le garde :
« elle a raison on n’est pas des chiens. Tu vois bien qu’il est
malade. Ta mère t’as jamais appris la compassion blaireau ?!»
« toi
ta gueule ! Tu pue la morue à plein nez » l’insulta le garde.
« C’est
sûrement à cause du passage de ton engin alors, vieil étron » cria une
femme à une fenêtre.
« Descend
le dire grosse dondon » cria un autre garde.
« C’est
honteux ce mépris », « du temps des Orlenthar y avait un peu plus de
tenue », « Et y avait la soupe populaire !» « Vive le
roi ! ». Les invectives fusaient de tout côtés et un attroupement
s’était formé. Quine continuait de souffler sur les braises…
La
diversion était parfaite. Snaefried avait eu tout le temps d’observer le
cadenas : un jeu d’enfant. Elle invoqua sa main de mage et lui donna un
rossignol.
Alors
que les gardes commençaient à être bousculés et insultés et qu’ils repoussaient
l’attroupement, une main de mage flotta en bas depuis la fenêtre et crocheta le
cadenas de la porte en un tournemain.
Calidor
vit la porte s’ouvrir et une main spectrale et flottante le saluer, puis
indiquer l’impasse.
Le
barbare, les mains et les pieds enchaînés, sortit le plus discrètement possible
quand Annasthea bondit sur lui et lui passa un gros manteau à capuche en lin
sur la tête avant de le traîner vers l’impasse. Quand elle vit un garde tourner
la tête vers eux, elle improvisa : elle tira Calidor vers elle
autoritairement et le plaqua contre l’encadrement de la porte pour lui coller
un baiser magistral…. Histoire de donner le change.
Malheureusement
la surprise fut telle pour Calidor qu’il fit glisser involontairement un pan de
sa cape en arrière et le reflet des chaines alerta le garde.
« Alerte !
le prisonnier s’enfuit ! » cria le garde qui tâcha avec deux autres
de se frayer un chemin vers le fugitif. Ce faisant il bouscula un petit garçon
et ce fut l’étincelle, une rixe s’engagea.
Annasthea
et Calidor avaient escaladé le mur de l’impasse avec efficacité et les trois
gardes avaient réussi à s’extraire de la mêlée pour les poursuivre.
« Arrêtez
vous ! Au nom de la loi ! » hurla le garde de tête.
Annasthea
commença à courir mais il était évident qu’avec ses entraves, Calidor ne pourrait
pas semer un garde. Heureusement deux d’entre eux, sans doute pas en grande
forme physique échouèrent à escalader le mur, mais le troisème se hissait
péniblement sur celui-ci.
Calidor
lui jeta une pierre mais, affaibli par les runes inscrites sur les chaines, il manqua
son tir. Annasthea vit cela et regarda au sol pour ramasser une autre pierre.
« Raté
ha ha ha ! Sale Criminel ! Tu ne peux rien contre la puissance de la
loi. Je… »
Et
BIM ! Un cailloux en pleine figure interrompit sa tirade alors qu’il avait
réussi à passer une jambe sur le mur. Il
tomba de l’autre côté directement sur ses camarades.
« Viens
allons-y. » fit Annasthea satisfaite.
Pendant
ce temps, alors que la bagarre faisait rage, Snaefried ramassa tranquillement
les affaires de Calidor dans le chariot avant de repartir. Quine et Lotharo
étaient déjà loin.
Le
groupe se retrouva à la planque où Snaefried n’eut aucun mal à libérer Calidor de ses chaînes.
« Merci
les gars ! Bon qu’est ce qu’on fait maintenant ? » Demanda
le barbare.
« On
continue l’enquête » répondit Lotharo.
L’auberge du Rat
Dansant.
L’auberge
du rat dansant était une gargotte mal famée située dans le quartier des
Tanneurs. Bien que loin des tanneries, l’odeur de ces dernières flottaient dans
l’air malgré tout.
Après
quelques minutes d’observation pour s’assurer qu’ils n’avaient pas été suivis
et qu’ils n’étaient pas attendus, nos amis se dirigèrent vers l’établissement.
Dès
la porte la couleur était annoncée. Un ivrogne ronflait allongé au sol et une
fois l’entrée franchie un mélange d’odeurs musquées fit frémir leurs narines.
Des
marins, des journaliers et des ivrognes criaient bruyemment, jouaient ou
cuvaient la tête sur leur table pendant que des serveuses blasées et fatiguées
servaient tout ce petit monde. Des prostitués des deux sexes faisaient le tour
des clients.
Derrière
le bar se tenait un gros homme au crâne dégarni avec un énorme furoncle sur le
nez qui essuyait des chopes avec un chiffon sale. A côté de lui, une femme
assez belle au cheveux noirs frisés mais violemment maquillée et vêtue d’une
robe fendue provoquante, toisait les visiteurs.
Alors
que le groupe s’appréta à marcher vers le bar, un halfelin quasi nu se posa
devant Annasthea, les mains sur les hanches avec un regard lubrique.
« je
suis juste à la bonne hauteur tu sais ». dit-il.
« Oui
pour prendre mon genou dans la figure » répliqua sèchement l’archère
arcanique. Le tapineur n’insista pas.
« Salut,
qu’est ce qu’on peut faire pour vous ? Je me nomme Asina, je gère
l’établissement » dit la femme avec un sourire charmeur.
« Je
n’ai pas le temps pour la bagatelle alors cessez ces simagrées » répondit
Lotharo qui tentait de passer pour un vieux mage revèche accompagné de ses
gardes. Il faut dire qu’il maîtrisait ce rôle à la perfection.
« Je
recherche du personnel, j’ai besoin de gens d’armes compétents et qui ne se
posent pas trop de questions quant à la légalité des missions »
poursuivit-il.
La
femme sembla gênée.
« Ah
eh bien vous frappez à la bonne porte nous avons ce genre de professionnels…
mais euh…. Ils ont été déjà embauché par un autre client… »
« Ma
mission est prioritaire. Qui est ce client ? Je m’arrangerais avec
lui. » balaya Lotharo.
« Non
mais vous ne comprenez pas, je ne sais pas ou ils sont et à vrai dire je ne
suis pas sûre que… »
« Le
Monsieur t’as demandé qui c’est ce client alors tu réponds !» gronda
Annasthea.
« C’est-à-dire
que… Je ne me souviens plus très bien. Et puis y a le secret professionnel
et… »
Snaefried
exhiba une belle pièce de platine. La femme la fixa un instant avant de la
prendre avec avidité.
« Ca
me revient maintenant. Il s’appelle Zulfass. Je ne sais pas trop ce qu’il fait
mais je sais où il habite si vous voulez ».
Nos
amis se regardèrent avec des sourires en coin et des regards de comploteurs
« Oh
Zulfass, oui. Nous le connaissons bien. » répondit Annasthea.
Chez Zulfass
Arrivés
devant la masure de Zulfass (qui était visiblement la même que la dernière
fois), nos aventuriers prêtèrent l’oreille et entendirent des gloussements.
« Ca
s’amuse ici on dirait » fit Lotharo.
« Sois
poli,frappe avant d’entrer » dit Quine à Calidor.
Le
barbare décocha un bon coup de pied dans la porte qui vola en éclats.
« Surprise ! »
dit-il en entrant dans le salon où Zulfass était allongé sur un matelas en
galante compagnie avec deux femmes. Le trio poussa un cri de surprise.
« Oh
non ! …Non ! …Non ! » s’exclama Zulfass avant de bondir et
de filer tout nu par la porte arrière. Mais un pied le fit trébucher :
Snaefried avait anticipé sa réaction..
Le
roublard se ramassa face contre terre.
« Aie
putain de merde ! Je me suis cassé le pif. A moi ! Les fugitifs
sont… » Mais avant qu’il ne puisse poursuivre Calidor le traina à
l’intérieur pour le jeter sur le lit.
« La
fête est finie mesdames, laissez nous s’il vous plait » dit Annasthea. Les
deux belles de jour ramassèrent leur vêtements et filèrent. L’une d’elle
attrapa la bourse de Zulfass au passage.
« Salope !
Rends ça , c’est à moi ! »
Quine
le gifla, ce qui étonna tout le monde.
« Assez
juré je vous prie. » dit la clerc calmement.
« Aouh !
Ca fait mal » gémit le roublard.
« On
sait que tu as embauché les mercenaires de l’étoile noire de Sylnora. Où
sont-il ? » Rugit Annasthea.
« Pourquoi
je vous dirais quoi que ce soit ?» Répliqua Zulfass.
« Parce
que sinon mon ami là va être très méchant » dit Annasthea en désignant
Calidor.
« Si
tu crois que le timbré aux carottes me fait peur. Il fait plus pitié qu’autre
chose. » cracha Zulfass.
« Si
tu ne veux pas l’avoir dans le fondement celle-là tu as intérêt à passer à
table » fit Annasthea tandis que Calidor sortait effectivement une
carrotte de son sac.
« Nan
ok ! C’est bon ! C’est bon ! » gémit Zulfass soudain
terrifié.
Il
leur raconta tout ce qu’il savait. C’est bien lui qui avait été missionné par
la guilde des voleurs pour trouver un groupe de mercenaires pour une dénommée
dame Asthei. Il ne savait pas qui a contacté la guilde. Et il ne savait pas où
ils étaient actuellement, la planque d’après mission ayant été fournie par un
autre intermédiaire dénommé Kordy. Il décrivit avec un luxe de détails la dame
Asthei, semblant visiblement fasciné par sa beauté. La description
correspondait trait pour trait à Hestia. L’anagramme du nom ne trahissait
personne non plus d’ailleurs.
Dame
Asthei avait embauché les Etoiles Noires. Sa servante, une jolie demi-elfe
était venue déposer le paiement. La noble logeait au Manoir de Gardecimes. Zulfass
donna son emplacement, le groupe réalisa que c’était à peine à cent mètres de
l’Hôtel Bonnerive où était logée la délégation elfique !
« Bon
merci pour ta coopération » dit Quine.
Annasthea
fit un signe de tête à Calidor et Lotharo qui retournèrent Zulfass pour
l’attacher sur le ventre aux quatre
coins du lit. Ils le baillonnèrent en lui enfonçant son caleçon dans la bouche.
Calidor déposa la carotte entre ses jambes et ils partirent.
Snaefried
fit mine de trainasser et promena son regard dans la pièce, puis elle senti une
latte grincer inhabituellement. Elle regarda le roublard avec un petit sourire
et se baissa. Elle déplaça la latte et en sortit une bourse remplie d’or.
Fffffmmmmmmmooooooa !!!!
mooooooon !!!! ffffffaoooooopee !!!
Snaefried
compta l’argent, déposa une pièce sur la fesse gauche de Zulfass et lui souffla
un baiser avant de partir.
L’Hôtel de
Gardecimes
Le
groupe se dirigea vers l’Hotel de Gardecimes, en prenant toujours soins de
rester discret. Lorsqu’ils arrivèrent ils remarquèrent un domestique en train
de nettoyer le sol devant la demeure et allèrent l’interroger en se faisant
passer pour des amies de la précédente loactaire, Dame Asthei.
« Ah
mais je suis désolé. Elle a disparue. Partie précipitament avec ses
domestiques. Pouf ! Le lendemain de l’attentat contre ce elfes. Ils ont dû
avoir peur j’sais pas. Dommage elle était gentille. Et quelle beauté !
Mais un peu bizarre, elle ne sortait jamais en journée. En tout cas elle
est venue trois fois ces six derniers mois. Elle semblait avoir beaucoup
d’affaires à régler et beaucoup de relations, mais elle venait avec son propre
personnel, pas celui de la compagnie. Y a que moi qui était autorisé à m’occuper
du jardin.» dit le domestique.
« Ah
mince alors. Du coup ce n’est pas elle qui possédait l’hotel ? »
« Non
Non. C’est la compagnie du Prestelièvre » dit l’homme en désignant un
blason à côté de la porte : un lièvre bondissant, blanc sur fond vert.
« Ils
ne se cachent même plus » souffla Calidor en tremblant, avant que Lotharo
ne le fasse taire d’un coup de coude.
« Et
donc si nous voulons le louer ? » Poursuivit Annasthea.
« Faut
aller voir le gérant Monsieur Rolland. le siège du Prestelièvre est en
bas de la rue sur la place du marché aux fruits. »
Ils
descendirent la rue pour rencontrer le dénommé Rolland un vrai commerçant
volubile et enjoué, flanqué de Ginette une secrétaire blasée.
« Louer
le Gardecimes ? Mais oui bien sûr ! Ca tombe bien il vient juste de
se libérer. Mais attendez que je consulte mon registre, voir qu’il n’y ait pas
une autre location préemptive…. »
« Préemptive ? »
fit Annasthea.
« Oui
parfois des amis ou des relations d’affaires de nos actionnaires on la priorité
pour la location des biens de la compagnie. Non ! Il n’y en a pas !
Si vous le voulez, c’est tout à vous. »
« Simple
curiosité qui sont les propriétaires de Prestelièvre ? » demanda
Annasthea.
« Je
suis désolé mais nos investisseurs tiennent à rester anonyme, en revanche le
gérant est Monsieur Nafus, il s’occupe de chapeauter toutes les activités de la
compagnie. » répondit Rolland.
Hem…Une
avance de 200 pièces d’or est demandée correspondant à un séjour minimal de
quatre jours. » ajouta-t-il.
Tout
le monde se tourna vers Snaefried qui allongea la monnaie en soupirant.
***
Dans
la foulée nos amis furent conduits par Rolland au Manoir Gardecimes.
Ils
leur fit visiter toutes les pièces.
« Voilà
ici un hall d’accueil, sol en marbre et escalier de style. Notez les tableau d’artistes
locaux reconnus » .
Il
désigna une pièce à droite : « A droite ici c’est la cuisine et le
quartier des domestiques. On en mettra à votre disposition si vous le souhaitez. »
Puis
il partit à gauche.
« Ici
à gauche le salon, une grande pièce avec … Euh pourquoi tout les rideaux sont
tirés ?... Hum et cette terre là… Je vais demander à Lucien de passer un
coup de balai, désolé. Enfin voilà, toujours est-il que ce salon lambrissé
de style permet d’organiser des dîners très chics. D’ailleurs ici il y a une
estrade pour mettre un orchestre. Si vous le souhaitez nous pouvons vous
trouver des musiciens talentueux.»
Puis
il poursuivit la visite par l’étage.
Quine
se baissa pour examiner la terre. Elle
semblait sèche et aride. Le simple fait de la tenir lui procurait une sensation
de malaise. Elle remarqua une traînée au sol, comme si on avait déplacé un
objet lourd. En la suivant elle vit qu’elle donnait sur une porte conduisant à
une cave. Elle décida d’attendre les autres.
« Voila
ces différentes pièces sont des appartements complets comprenant pièces d’eau
chambre et antichambre, le dernier chic pour des invités de marque.»
« On
dirait que l’ancienne occupante n’aimait pas la lumière » fit remarquer
Annasthea en examinant l’une des chambres. Les rideaux étaient tirés et la
pièce semblait ne pas avoir été utilisée, une fine couche de poussère était
visible.
« Désolé,
nous remédierons à cela. » s’excusa Rolland.
En
descendant il croisèrent Quine devant la porte de la cave.
« On
peut voir la cave ? » fit-elle.
« Bien
sûuur ! C’est une cave à vins fort bien achalandée vous verrez. Suivez moi. »
Ils
descendirent l’escalier jusqu’à une très grande pièce lambrissée de la taille
de la maison. A gauche il y avait des fûts de différentes tailles, d’abords des
gros, puis des plus petits. A droite des présentoirs avec des bouteilles ainsi
que du vieux mobilier.
Rolland
leur remit les clés et prit congé.
« Ouf.
Allons examiner cette cave » dit Lotharo, curieux.
Nos
amis se mirent à fouiller les lieux et Snaefried fut la première à découvrir un
truc louche : derrière un meuble portant des futs, elle sentit ce qu’elle prit
d’abord pour une poignée. Mais en fait, il s’agissait d’un élément qui
maintenait le meuble au mur. Etrange.
En
voulant le déplacer un pan de mur se déplaça avec, révélant un passage dérobé
donnant immédiatement sur une solide porte de métal.
« Stop . Il y a un glyphe là » avertit
Calidor.
« Je
m’en occupe » dit Quine. Elle incanta un sortilège de dissipation et
l’inscription disparut.
Sortant
ses outils, Snaefried crocheta ensuite la porte et fit signe à Calidor qu’il
pouvait passer. La porte donna sur un escalier de 5 mètres descendant vers une pièce
carrée, avec pour seule sortie un petit couloir étroit qui donnait sur un mur.
« C’est
un cul de sac » s’exclama Annasthea.
« Pas
forcément » dit Quine qui toucha le mur et vit sa main passer à travers.
« Un mur invisible ! »
Quelques
mètres plus loin ils arrivèrent directement sur les égoûts.
« Je
crois que j’adore cette maison ! » Dit Snaefried tout sourire.
Annasthea
examina le sol. Il y avait quelques endroits boueux. Des traces de pas donnaient
le long du caniveau de droite.
« Regardez.
Plusieurs personnes sont allés dans cette direction. Mais elles ne sont pas
revenues. »
« L’Hôtel
Bonnerive est par là bas » fit observer Calidor qui avait un bon sens de l’orientation.
Le
groupe avança le long du caniveau jusqu’à la hauteur estimée de l’hôtel
Bonnerive. Mais il n’y avait aucun croisement, aucun tunnel et aucune porte.
Ils
fouillèrent et à nouveau Snaefried trouva la solution. En passant son bras dans
une grille et en tâtonnant elle trouva un loquet qui ouvrit une porte secrète.
La porte donnait derrière la grille et sur la gauche à un renfoncement donnant
sur un escalier très étroit, pas plus de 60cm de large. Snaefried et Annasthea
passèrent devant et le groupe poursuivit.
Il
montèrent l’escalier qui bifurqua sur la gauche jusqu’à un mur. A cet
endroit il n’y avait rien : pas de poignée, pas de loquet, mais en
poussant le mur, Snaefried sentit du jeu et un filet d’air. Mais elle entendit
des bruits de coups et de scie. Ainsi que des voix.
« Chuuut ! »
fit-elle, le doigt sur la bouche. Elle poussa et entrouvrit le mur pour jeter
un œil. Le passage donnait sur un corridor avec un escalier en marbre et une
rembarde en laiton avec des motifs en forme de feuilles. Il n’y avait personne.
Elle fit signe aux autres d’entrer.
Le
mur était décoré d’un immense tableau derrière lequel se trouvait un trou de serrure
à peine visible. Ce qui frappa la roublarde c’est que ce passage n’était
clairement pas ouvrable sans aide de l’intérieur de la maison. Visiblement en
repartant il était resté entrouvert mais n’a pas été découvert.
Les
rideaux étaient arrachés et le sol maculé de flaques de sang séchés. Des traces
de combat, à n’en pas douter. Ils étaient bien dans l’Hôtel Bonnerive.
« Maintenant
nous savons comment ils sont entrés et sortis. Et comment ils ont pu mener leur
attaque de façon aussi précise. Il faut de sacrées connaissances pour mettre un
tel plan au point » dit Annasthea.
« Ou
de bons complices » ajouta Lotharo.
Les
bruit étaient assez lointains. Ils provenaient d’ouvriers qui devaient réparer
les dégâts de l’attaque. Après une fouille sommaire qui ne donna rien, nos amis
repartirent par le passage secret.
Une
fois de retour au Manoir Gardecimes. Le groupe remarqua que le soir était bien
avancé. Il fallait retourner chercher leurs affaires à la planque.
***
De
retour dans les égoûts Jamry les attendait.
«
C’est bon cheffe, j’ai eu une réponse. Entrevue ce soir 22h au théatre des
coupes gorges . Vous voyez je vous ai pas déçu».
« Il
ne valait mieux pas. Mais oui c’est très bien » répondit Snaefried.
Snaefried
savait où ça se trouvait, c’était un ancien collecteur abandonné et vidé qui
servait de lieu de rencontre entre chefs de la pègre. Il avait l’avantage de
communiquer avec de nombreux tunnels et donc de faciliter la fuite.
Martine
arriva également avec une lettre pour Anasthea.
Lord
Drystan lui écrivit que la femme en rouge s’appelait Dame Asthei. C’est une
noble elfe qui a été introduite récemment à la cour par Lord Cornevent.
« Tout
le puzzle est en place on dirait » dit Lotharo.
« Pas
encore tout à fait. « fit Annasthea. L’archère arcanique s’assit et prit
sa plume pour écrire une réponse.
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