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mercredi 31 mars 2021

Compte rendu de partie D&D5 : Fragments du Passé - 5

 

Fragments du Passé

Compte-rendu n°5 – partie du 29 mars 2021

 La compagnie du Hibou Argenté : 

  •  Annasthéa Serindë, l’archère arcanique cherchant à faire renaître le vieux royaume de la Haute Forêt,   
  • Quine Holimion la Prêtresse de Corellon Larethian,
  • Lotharo Siannodel, le chantelame en quête de savoir
  • Calidor Eaucalme le barbare qui cherche à protéger le monde des lapins garous
  • Snaefried Ombreuse, seule non-elfe du groupe, une humaine roublarde des quartiers chauds de Solaun qui suit la compagnie en recherche de richesses.

Entrevue nocturne



La lettre de Drystan invitait Annasthea à se rendre de nuit au château du guet, à son bureau. Il y avait des instructions pour s’y rendre sans éveiller de soupçons. Du moins c’est ce qui était promis.

« C’est un piège » commenta Quine.

L’archère arcanique resta pensive.

Le soir venu Annasthea et Snaefried se rendirent au rendez vous à la tour de la garde.

« Tu es sûre que c’est une bonne idée ? » dit la roublarde.

« Pas le choix, j’ai l’intuition qu’on peut lui faire confiance. Mais je ne peux être certaine de rien, c’est un risque à prendre. »

Le château était un petit complexe qui rassemblait l’administration, la caserne du guet, le ministère et la prison. Snaefried fixa cette dernière.

« Si tu te trompe tu rejoindras Calidor là bas. » Puis la roublarde se cacha dans un coin sombre.

Annasthea entra dans la cour encore grouillante d’animation malgré le soir tombant. Elle était pleine de plaignants, de gardes ou de commerçants qui vendaient de la nourriture à ces derniers.  Elle la traversa vers les bureaux du ministère puis bifurqua conformément aux instructions vers les écuries puis tout de suite à droite une poterne donnait sur une tour non gardée du bâtiment d’administration. La porte ouvrait sur un  escalier en colimaçon. Elle traversa les couloirs vides en tâchant de se rappeler l’emplacement du bureau de Drystan.

Puis elle fut soudain encerclée par une dizaine de gardes qui la désarmèrent et la conduisirent au bureau du ministre.

Lorsqu’elle entra dans la pièce, Drystan était dos à elle contemplant la liasse de papiers sur son bureau.

« laissez nous. » dit-il

« mais vous êtes sûr que… ? » répondit le sergent.

Drystan leva une main pour couper court. Les gardes sortirent. Il y eu un moment de silence avant que le ministre poursuive, toujours en contemplant son bureau.

« Vous avez du courage d’être venue ici dans votre situation. Ou alors c’est de la folie. » dit Drystan

« Le sentiment d’injustice fait prendre des risques » répondit l’archère arcanique.

« Injustice ? C’est assez piquant étant donné l’avalanche de témoignages qui vous met en cause. Vous avez trahi. Le traité est mort-né et la ville est en ébullition. L’intendant est au plus mal. Les princes se disputent. »

« Nous n’y sommes pour rien, nous avons été piégés ! Nous n’avions aucun intérêt à faire échouer ce traité que nous avons tout fait pour obtenir. Vous le savez. »

« Peut être. Mais il y a tout de même tant de gens qui vous ont vu attaquer l’ambassade elfique. Des gens qui disaient la vérité nous les avons passés sous un sort de détection des mensonges. » ajouta le ministre.

« C’est un complot, ils ont du utiliser des moyens magiques pour nous incriminer, nous étions au Hibou Argenté à ce moment. Il est évident qu’une telle opération a été préparée avec des complicités étendues et avait pour but de faire échouer les négociations et de nous discréditer.  Que vous dit votre instinct ? » répondit l’archère arcanique.

« Aussi stupide que cela puisse paraître il me dit que vous êtes digne de confiance » souffla Drystan

Puis il se tourna avec un étrange sourire.

«Mais vous. Qu’est ce qui vous fait croire que vous pouvez me faire confiance ? »

« Rien. Mais je suis mon instinct moi aussi.»

« Admettons que je vous crois et que je veuille vous aider. Je risque ma carrière et ma vie. Alors que je pourrais simplement vous jeter en prison et sauver ma place… et dans quelques années qui sait ? Je serais peut être intendant ou Prince. »

« Mais si nous avons raison vous pouvez être un héros dès maintenant. »

Drystan sourit à nouveau et fit signe à Annasthea de s’approcher .

« Voici tout ce que j’ai rassemblé jusqu’à présent. Les quelques assaillants tués dans l’attaque faisaient partie d’une bande de Mercenaires appelée les Etoiles Noires de Sylnora »

« Je les connais. Ils sont nouveaux dans le métier, mais ils ont les dents longues et ne sont pas très regardant sur les missions »

« Précisément. J’ai fait fouiller leur planque, une auberge appelée le Rat Dansant, mais ils n’ont pas refait surface. Mais nous savons que leur chef et les autres sont sortis de l’ambassade par un moyen inconnu avec deux prisonniers : le prince Dornil et une de ses guerrières appelée Enae. Comment ils sont entrés dans l’ambassade malgrés les glyphes et les sorts d’alarme est également un mystère. »

« c’était un coup monté. Je pense que l’Aghna Gruul était derrière tout ça. Et je soupçonne également que Lindhol soit impliqué. Les gens disent aussi que le chef des assaillants était une femme en rouge. Je suis certain que c’est celle qui discutait avec le prince Dornil durant le bal. »

Drystan réfléchit.

« Oui. Je m’en souviens vaguement. Je ne la connaissait pas. Je vais me renseigner auprès du chambellan de l’intendant pour essayer de savoir qui c’est. Ce n’est peut être rien mais en l’état actuel toute piste est bonne à prendre. En revanche je ne vois rien qui incrimine Lindhol, l’ambassadeur Fenerian a toujours été de bon conseil, mais bon, on ne sait jamais... Si c’est un coup monté il se peut que je ne puisse pas faire confiance à mes services. Les gardes dehors sont mes éléments de confiance mais on ne peut jamais être sûr.»

« Peut être que la guilde des voleurs saurait quelque chose ? » ajouta Annasthea.

« Depuis que je suis ministre de l’intérieur, j’essaye de combattre l’influence néfaste de Maître Vance, alors je doute d’avoir la capacité de jouer de ce type de relations » ricana le ministre.

« je connais quelqu’un qui pourrait. Bien, nous tâcherons d’enquêter de notre côté sans vous impliquer. Vous nous avez donné des renseignements précieux. Toutefois il y a un autre problème : notre compagnon Calidor. Pouvez vous le faire libérer ? »

«Ca c’est un risque que je ne suis pas prêt à prendre. Ici il est sous ma responsabilité. Je vais vraisemblablement vous laisser partir, alors si lui aussi s’enfuit le conseil me déchoierait de ma charge après un tel échec au cœur même de la prison. » objecta Drystan.

« il me semble que les détenus fous doivent être conduits dans la prison de l’asile des Flots Radieux non ? » proposa Annasthea

Drystan plissa les yeux puis sourit en comprenant.

« En effet. Il pourrait y avoir un problème de transferement. Mais il est trop risqué que je vous conduise à la prison pour lui parler. »

« Ne vous inquiétez pas on trouvera un moyen. Je vous demande juste de prévenir lorsqu’il sera transféré. Utilisons le même canal que précédemment.»

« d’accord » Puis l’homme dégaîna son épée. Annasthea eu un mouvement de recul. Il trancha ses liens.

« Je préférerai nettement une nouvelle danse avec vous, belle dame, mais maintenant il va falloir nager. » Il désigna de la tête la fenêtre sur leur droite. « Je propose que vous passiez à travers cette vitre pour plonger dans le canal en contrebas. Faites moi une belle évasion. »

Annasthea s’approcha de la fenêtre.

« Pour la danse, ce n’est que partie remise Monseigneur. Merci. » Puis elle se propulsa à travers la vitre et plongea dans l’eau.

Annasthea nagea au plus vite vers la rive. Elle entendit les cris furieux de Drystan qui sonnait l’alerte et aboyait des ordres aux gardes.

Une fois hors de l’eau elle se fondit dans l’ombre des ruelles….Bientôt suivie par Snaefried.

 


Evasion.



Une fois de retour à la planque, Annasthea raconta son entrevue aux autres.

« Je peux communiquer par magie avec Calidor. Mais seulement une courte phrase. Que veux tu lui passer comme message ? » proposa Quine.

« Evasion en vue. Fais le fou. Lapin. » dit Lotharo avec un sourire.

Snaefried se tourna vers Jamry.

« Tu sais comment contacter la guilde ? »

« ben on a eu une rixe avec Bastulf sur le port encore avant-hier, mais c’était pas très grave donc je dois pouvoir lui faire passer un message » répondit le roublard.

« Parfait. Eh bien dit lui que je veux une entrevue avec Vance. Invoque le droit de pourparler. »

« ok cheffe. » dit Jamry.

« Toi Martine tu iras vérifier s’il y a une réponse de Lord Drystan. » conclut Snaefried.

« pas de soucis cheffe. » dit la jeune roublarde.

« Bon en attendant, un peu de sommeil ne sera pas de refus » dit Lotharo.

 

***

Lord Drystan suivit le gardien dans l’escalier en colimaçon amenant au bloc C. Les hurlements étaient assourdissants. Toute la prison semblait sens dessus dessous et les prisonniers survoltés.

« Je suis désolé Monseigneur. C’est à cause du nouveau. Ce type est malsin, il est devenu complètement ingérable. Il a commencé à proférer des menaces et des horreurs. On lui a bien mis quelques coups mais rien à faire. Et maintenant toutes les cellules sont en ébullition.»

Le ministre hocha la tête et fit signe d’avancer. Arrivé sur place le spectacle était …Perturbant.

Calidor, nu, accroché aux barreaux de sa cellule, simulait un coït entre deux d’entre eux en hurlant des insanités.

« Vous finirez tous morts !!!! Vos femmes seront violées !!! Les lapins garous les prendront comme ça !!!! Et ils se reproduiront pour dominer le moooooooonde !!!! »

La base lui coulait des lèvres, il avait un regard fou. Il semblait également avoir défèqué dans sa cellule.

« Je pense qu’il est clair que cet elfe n’a plus toute sa raison. Cette situation ne peut plus durer. Le règlement est clair. Préparez un transfert à l’asile dans l’attente de son procès. » énonça Drystan.

« bien Monseigneur. » Dit le garde soulagé.

***

 

La rue de la cavalcade portait mal son nom. C’était une rue perpendiculaire de l’avenue royale mais très étroite et située dans un quartier pauvre. Mais elle permettait de rejoindre directement  l’asile des Flots Radieux sans devoir faire de détours par les rues commerçantes ou par le marché aux épices. Mères de famille, mendiants, prostituées et journaliers se coitoyaient  le long de cette grande rue qui comptait nombre d’immeubles d’habitations insalubres et surpeuplés. Des cordes à linge était suspendues entre les deux côtés de la rue et les commères discutaient parfois même d’une fenêtre à l’autre.

Nos amis, déguisés en gens du commun, s’étaient rendus sur place vers 9h30. Ils avaient reçus, en début de matinée, un message de Lord Drystan leur indiquant que le transfert aurait lieu à 10h et qu’il passerait par ici.

Snaefried s’était avancée près de l’impasse du torchon. Une ruelle perpendiculaire à celle de la cavalcade et qui se terminait par un mur de 2m de haut donnant sur une série de jardins. Elle et Annasthea  y avait préparé une corde puis étaient entrées dans l’immeuble qui faisait l’angle. L’archère arcanique était restée à la porte. Snaefried quant à elle, slalomant entre les matronnes et les gamins se posta à la fenêtre du premier étage et regarda le haut de la rue. Elle vit arriver une charrette-prison escortée de six gardes. Elle siffla à l’attention de Quine et Lotharo qui étaient en bas.

La prêtresse et le danselame hochèrent la tête en signe d’acquiescement. Déguisés en un vieillard et une femme du peuple, ils devaient faire diversion. Sitôt le convoi arrivé à hauteur de l’impasse, Lotharo simula un malaise.

« Oooooh…. Je… Je me sens mal…..maaaal… » gémit-il.

Quine se porta opportunément à son secours. Le convoi s’arrêta, la porte sectionnelle du chariot-prison donnant pile sur l’impasse.

Les gardes s’impatientèrent. « que se passe-t-il ? Laissez passer ! »

« Il n’est pas bien . Aidez nous ! »

« je ne suis pas là pour faire le bon samaritain dégagez. »

« Comment ?! C’est comme ça que la garde, censée nous aider, traite les citoyens ?! »

« Nous on fait regner l’ordre, on n’est pas des foutues vestales » ajouta le caporal.

Lotharo marmona une incantation et une odeur pestilentielle se dégagea de lui.

« Ah mais… Qu’est ce que….Mais c’est déguelasse ! Il est déjà pourri de l’intérieur. Il doit être mort ou pas loin. Moi je l’approche pas » eructa le garde en se pinçant le nez.

« C’est insultant vraiment » poursuivit Quine feignant l’indignation.

Les autres gardes s’avancèrent pour voir pourquoi le chariot n’avançait pas.

La tension monta d’un cran lorsqu’une prostituée interpella le garde : « elle a raison on n’est pas des chiens. Tu vois bien qu’il est malade. Ta mère t’as jamais appris la compassion blaireau ?!»

« toi ta gueule ! Tu pue la morue à plein nez » l’insulta le garde.

« C’est sûrement à cause du passage de ton engin alors, vieil étron » cria une femme à une fenêtre.

« Descend le dire grosse dondon » cria un autre garde.

« C’est honteux ce mépris », « du temps des Orlenthar y avait un peu plus de tenue », « Et y avait la soupe populaire !» « Vive le roi ! ». Les invectives fusaient de tout côtés et un attroupement s’était formé. Quine continuait de souffler sur les braises…

La diversion était parfaite. Snaefried avait eu tout le temps d’observer le cadenas : un jeu d’enfant. Elle invoqua sa main de mage et lui donna un rossignol.

Alors que les gardes commençaient à être bousculés et insultés et qu’ils repoussaient l’attroupement, une main de mage flotta en bas depuis la fenêtre et crocheta le cadenas de la porte en un tournemain.

Calidor vit la porte s’ouvrir et une main spectrale et flottante le saluer, puis indiquer l’impasse.

Le barbare, les mains et les pieds enchaînés, sortit le plus discrètement possible quand Annasthea bondit sur lui et lui passa un gros manteau à capuche en lin sur la tête avant de le traîner vers l’impasse. Quand elle vit un garde tourner la tête vers eux, elle improvisa : elle tira Calidor vers elle autoritairement et le plaqua contre l’encadrement de la porte pour lui coller un baiser magistral…. Histoire de donner le change.

Malheureusement la surprise fut telle pour Calidor qu’il fit glisser involontairement un pan de sa cape en arrière et le reflet des chaines alerta le garde.

« Alerte ! le prisonnier s’enfuit ! » cria le garde qui tâcha avec deux autres de se frayer un chemin vers le fugitif. Ce faisant il bouscula un petit garçon et ce fut l’étincelle, une rixe s’engagea.

Annasthea et Calidor avaient escaladé le mur de l’impasse avec efficacité et les trois gardes avaient réussi à s’extraire de la mêlée pour les poursuivre.

« Arrêtez vous ! Au nom de la loi ! » hurla le garde de tête.

Annasthea commença à courir mais il était évident qu’avec ses entraves, Calidor ne pourrait pas semer un garde. Heureusement deux d’entre eux, sans doute pas en grande forme physique échouèrent à escalader le mur, mais le troisème se hissait péniblement sur celui-ci.

Calidor lui jeta une pierre mais, affaibli par les runes inscrites sur les chaines, il manqua son tir. Annasthea vit cela et regarda au sol pour ramasser une autre pierre.

« Raté ha ha ha ! Sale Criminel ! Tu ne peux rien contre la puissance de la loi. Je… »

Et BIM ! Un cailloux en pleine figure interrompit sa tirade alors qu’il avait réussi à passer une jambe sur le mur.  Il tomba de l’autre côté directement sur ses camarades.

« Viens allons-y. » fit Annasthea satisfaite.

Pendant ce temps, alors que la bagarre faisait rage, Snaefried ramassa tranquillement les affaires de Calidor dans le chariot avant de repartir. Quine et Lotharo étaient déjà loin.

Le groupe se retrouva à la planque où Snaefried n’eut  aucun mal à libérer Calidor de ses chaînes.

« Merci les gars ! Bon qu’est ce qu’on fait maintenant ? »  Demanda le barbare.

« On continue l’enquête » répondit Lotharo.


L’auberge du Rat Dansant.



L’auberge du rat dansant était une gargotte mal famée située dans le quartier des Tanneurs. Bien que loin des tanneries, l’odeur de ces dernières flottaient dans l’air malgré tout.

Après quelques minutes d’observation pour s’assurer qu’ils n’avaient pas été suivis et qu’ils n’étaient pas attendus, nos amis se dirigèrent vers l’établissement.

Dès la porte la couleur était annoncée. Un ivrogne ronflait allongé au sol et une fois l’entrée franchie un mélange d’odeurs musquées fit frémir leurs narines.

Des marins, des journaliers et des ivrognes criaient bruyemment, jouaient ou cuvaient la tête sur leur table pendant que des serveuses blasées et fatiguées servaient tout ce petit monde. Des prostitués des deux sexes faisaient le tour des clients.

Derrière le bar se tenait un gros homme au crâne dégarni avec un énorme furoncle sur le nez qui essuyait des chopes avec un chiffon sale. A côté de lui, une femme assez belle au cheveux noirs frisés mais violemment maquillée et vêtue d’une robe fendue provoquante, toisait les visiteurs.

Alors que le groupe s’appréta à marcher vers le bar, un halfelin quasi nu se posa devant Annasthea, les mains sur les hanches avec un regard lubrique.

« je suis juste à la bonne hauteur tu sais ». dit-il.

« Oui pour prendre mon genou dans la figure » répliqua sèchement l’archère arcanique. Le tapineur n’insista pas.

« Salut, qu’est ce qu’on peut faire pour vous ? Je me nomme Asina, je gère l’établissement » dit la femme avec un sourire charmeur.

« Je n’ai pas le temps pour la bagatelle alors cessez ces simagrées » répondit Lotharo qui tentait de passer pour un vieux mage revèche accompagné de ses gardes. Il faut dire qu’il maîtrisait ce rôle à la perfection.

« Je recherche du personnel, j’ai besoin de gens d’armes compétents et qui ne se posent pas trop de questions quant à la légalité des missions » poursuivit-il.

La femme sembla gênée.

« Ah eh bien vous frappez à la bonne porte nous avons ce genre de professionnels… mais euh…. Ils ont été déjà embauché par un autre client… »

« Ma mission est prioritaire. Qui est ce client ? Je m’arrangerais avec lui. » balaya Lotharo.

« Non mais vous ne comprenez pas, je ne sais pas ou ils sont et à vrai dire je ne suis pas sûre que… »

« Le Monsieur t’as demandé qui c’est ce client alors tu réponds !» gronda Annasthea.

« C’est-à-dire que… Je ne me souviens plus très bien. Et puis y a le secret professionnel et… »

Snaefried exhiba une belle pièce de platine. La femme la fixa un instant avant de la prendre avec avidité.

« Ca me revient maintenant. Il s’appelle Zulfass. Je ne sais pas trop ce qu’il fait mais je sais où il habite si vous voulez ».

Nos amis se regardèrent avec des sourires en coin et des regards de comploteurs

« Oh Zulfass, oui. Nous le connaissons bien. » répondit Annasthea.


 

Chez Zulfass



Arrivés devant la masure de Zulfass (qui était visiblement la même que la dernière fois), nos aventuriers prêtèrent l’oreille et entendirent des gloussements.

« Ca s’amuse ici on dirait » fit Lotharo.

« Sois poli,frappe avant d’entrer » dit Quine à Calidor.

Le barbare décocha un bon coup de pied dans la porte qui vola en éclats.

« Surprise ! » dit-il en entrant dans le salon où Zulfass était allongé sur un matelas en galante compagnie avec deux femmes. Le trio poussa un cri de surprise.

« Oh non ! …Non ! …Non ! » s’exclama Zulfass avant de bondir et de filer tout nu par la porte arrière. Mais un pied le fit trébucher : Snaefried avait anticipé sa réaction..

Le roublard se ramassa face contre terre.

« Aie putain de merde ! Je me suis cassé le pif. A moi ! Les fugitifs sont… » Mais avant qu’il ne puisse poursuivre Calidor le traina à l’intérieur pour le jeter sur le lit.

« La fête est finie mesdames, laissez nous s’il vous plait » dit Annasthea. Les deux belles de jour ramassèrent leur vêtements et filèrent. L’une d’elle attrapa la bourse de Zulfass au passage.

« Salope ! Rends ça , c’est à moi ! »

Quine le gifla, ce qui étonna tout le monde.

« Assez juré je vous prie. » dit la clerc calmement. 

« Aouh ! Ca fait mal » gémit le roublard.

« On sait que tu as embauché les mercenaires de l’étoile noire de Sylnora. Où sont-il ? » Rugit Annasthea.

« Pourquoi je vous dirais quoi que ce soit ?» Répliqua Zulfass.

« Parce que sinon mon ami là va être très méchant » dit Annasthea en désignant Calidor.

« Si tu crois que le timbré aux carottes me fait peur. Il fait plus pitié qu’autre chose. » cracha Zulfass.

« Si tu ne veux pas l’avoir dans le fondement celle-là tu as intérêt à passer à table » fit Annasthea tandis que Calidor sortait effectivement une carrotte de son sac.

« Nan ok ! C’est bon ! C’est bon ! » gémit Zulfass soudain terrifié.

Il leur raconta tout ce qu’il savait. C’est bien lui qui avait été missionné par la guilde des voleurs pour trouver un groupe de mercenaires pour une dénommée dame Asthei. Il ne savait pas qui a contacté la guilde. Et il ne savait pas où ils étaient actuellement, la planque d’après mission ayant été fournie par un autre intermédiaire dénommé Kordy. Il décrivit avec un luxe de détails la dame Asthei, semblant visiblement fasciné par sa beauté. La description correspondait trait pour trait à Hestia. L’anagramme du nom ne trahissait personne non plus d’ailleurs.

Dame Asthei avait embauché les Etoiles Noires. Sa servante, une jolie demi-elfe était venue déposer le paiement. La noble logeait au Manoir de Gardecimes. Zulfass donna son emplacement, le groupe réalisa que c’était à peine à cent mètres de l’Hôtel Bonnerive où était logée la délégation elfique !

« Bon merci pour ta coopération » dit Quine.

Annasthea fit un signe de tête à Calidor et Lotharo qui retournèrent Zulfass pour l’attacher sur le ventre  aux quatre coins du lit. Ils le baillonnèrent en lui enfonçant son caleçon dans la bouche. Calidor déposa la carotte entre ses jambes et ils partirent.

Snaefried fit mine de trainasser et promena son regard dans la pièce, puis elle senti une latte grincer inhabituellement. Elle regarda le roublard avec un petit sourire et se baissa. Elle déplaça la latte et en sortit une bourse remplie d’or.

Fffffmmmmmmmooooooa !!!! mooooooon !!!! ffffffaoooooopee !!!

Snaefried compta l’argent, déposa une pièce sur la fesse gauche de Zulfass et lui souffla un baiser avant de partir.


 

L’Hôtel de Gardecimes



Le groupe se dirigea vers l’Hotel de Gardecimes, en prenant toujours soins de rester discret. Lorsqu’ils arrivèrent ils remarquèrent un domestique en train de nettoyer le sol devant la demeure et allèrent l’interroger en se faisant passer pour des amies de la précédente loactaire, Dame Asthei.

« Ah mais je suis désolé. Elle a disparue. Partie précipitament avec ses domestiques. Pouf ! Le lendemain de l’attentat contre ce elfes. Ils ont dû avoir peur j’sais pas. Dommage elle était gentille. Et quelle beauté ! Mais un peu bizarre, elle ne sortait jamais en journée. En tout cas elle est venue trois fois ces six derniers mois. Elle semblait avoir beaucoup d’affaires à régler et beaucoup de relations, mais elle venait avec son propre personnel, pas celui de la compagnie. Y a que moi qui était autorisé à m’occuper du jardin.» dit le domestique.

« Ah mince alors. Du coup ce n’est pas elle qui possédait l’hotel ? »

« Non Non. C’est la compagnie du Prestelièvre » dit l’homme en désignant un blason à côté de la porte : un lièvre bondissant, blanc sur fond vert.

« Ils ne se cachent même plus » souffla Calidor en tremblant, avant que Lotharo ne le fasse taire d’un coup de coude.

« Et donc si nous voulons le louer ? » Poursuivit Annasthea.

 « Faut aller voir le gérant Monsieur Rolland.  le siège du Prestelièvre est en bas de la rue sur la place du marché aux fruits. »

Ils descendirent la rue pour rencontrer le dénommé Rolland un vrai commerçant volubile et enjoué, flanqué de Ginette une secrétaire blasée.

« Louer le Gardecimes ? Mais oui bien sûr ! Ca tombe bien il vient juste de se libérer. Mais attendez que je consulte mon registre, voir qu’il n’y ait pas une autre location préemptive…. »

« Préemptive ? » fit Annasthea.

« Oui parfois des amis ou des relations d’affaires de nos actionnaires on la priorité pour la location des biens de la compagnie. Non ! Il n’y en a pas ! Si vous le voulez, c’est tout à vous. »

« Simple curiosité qui sont les propriétaires de Prestelièvre ? » demanda Annasthea.

« Je suis désolé mais nos investisseurs tiennent à rester anonyme, en revanche le gérant est Monsieur Nafus, il s’occupe de chapeauter toutes les activités de la compagnie. » répondit Rolland.

Hem…Une avance de 200 pièces d’or est demandée correspondant à un séjour minimal de quatre jours. » ajouta-t-il.

Tout le monde se tourna vers Snaefried qui allongea la monnaie en soupirant.

***

Dans la foulée nos amis furent conduits par Rolland au Manoir Gardecimes.

Ils leur fit visiter toutes les pièces.

« Voilà ici un hall d’accueil, sol en marbre et escalier de style. Notez les tableau d’artistes locaux reconnus » .

Il désigna une pièce à droite : « A droite ici c’est la cuisine et le quartier des domestiques. On en mettra à votre disposition si vous le souhaitez. »

Puis il partit à gauche.

« Ici à gauche le salon, une grande pièce avec … Euh pourquoi tout les rideaux sont tirés ?... Hum et cette terre là… Je vais demander à Lucien de passer un coup de balai, désolé.  Enfin voilà, toujours est-il que ce salon lambrissé de style permet d’organiser des dîners très chics. D’ailleurs ici il y a une estrade pour mettre un orchestre. Si vous le souhaitez nous pouvons vous trouver des musiciens talentueux.»

Puis il poursuivit la visite par l’étage.

Quine se baissa pour examiner la terre.  Elle semblait sèche et aride. Le simple fait de la tenir lui procurait une sensation de malaise. Elle remarqua une traînée au sol, comme si on avait déplacé un objet lourd. En la suivant elle vit qu’elle donnait sur une porte conduisant à une cave. Elle décida d’attendre les autres.

« Voila ces différentes pièces sont des appartements complets comprenant pièces d’eau chambre et antichambre, le dernier chic pour des invités de marque.»

« On dirait que l’ancienne occupante n’aimait pas la lumière » fit remarquer Annasthea en examinant l’une des chambres. Les rideaux étaient tirés et la pièce semblait ne pas avoir été utilisée, une fine couche de poussère était visible.

« Désolé, nous remédierons à cela. » s’excusa Rolland.

En descendant il croisèrent Quine devant la porte de la cave.

« On peut voir la cave ? » fit-elle.

« Bien sûuur ! C’est une cave à vins fort bien achalandée vous verrez. Suivez moi. »

Ils descendirent l’escalier jusqu’à une très grande pièce lambrissée de la taille de la maison. A gauche il y avait des fûts de différentes tailles, d’abords des gros, puis des plus petits. A droite des présentoirs avec des bouteilles ainsi que du vieux mobilier.

Rolland leur remit les clés et prit congé.

« Ouf. Allons examiner cette cave » dit Lotharo, curieux.

Nos amis se mirent à fouiller les lieux et Snaefried fut la première à découvrir un truc louche : derrière un meuble portant des futs, elle sentit ce qu’elle prit d’abord pour une poignée. Mais en fait, il s’agissait d’un élément qui maintenait le meuble au mur. Etrange.

En voulant le déplacer un pan de mur se déplaça avec, révélant un passage dérobé donnant immédiatement sur une solide porte de métal.

 « Stop . Il y a un glyphe là » avertit Calidor.

« Je m’en occupe » dit Quine. Elle incanta un sortilège de dissipation et l’inscription disparut.

Sortant ses outils, Snaefried crocheta ensuite la porte et fit signe à Calidor qu’il pouvait passer. La porte donna sur un escalier de 5 mètres descendant vers une pièce carrée, avec pour seule sortie un petit couloir étroit qui donnait sur un mur.

« C’est un cul de sac » s’exclama Annasthea.

« Pas forcément » dit Quine qui toucha le mur et vit sa main passer à travers. « Un mur invisible ! »

Quelques mètres plus loin ils arrivèrent directement sur les égoûts.

« Je crois que j’adore cette maison ! » Dit Snaefried tout sourire.

Annasthea examina le sol. Il y avait quelques endroits boueux. Des traces de pas donnaient le long du caniveau de droite.

« Regardez. Plusieurs personnes sont allés dans cette direction. Mais elles ne sont pas revenues. »

« L’Hôtel Bonnerive est par là bas » fit observer Calidor qui avait un bon sens de l’orientation.

Le groupe avança le long du caniveau jusqu’à la hauteur estimée de l’hôtel Bonnerive. Mais il n’y avait aucun croisement, aucun tunnel et aucune porte.

Ils fouillèrent et à nouveau Snaefried trouva la solution. En passant son bras dans une grille et en tâtonnant elle trouva un loquet qui ouvrit une porte secrète. La porte donnait derrière la grille et sur la gauche à un renfoncement donnant sur un escalier très étroit, pas plus de 60cm de large. Snaefried et Annasthea passèrent devant et le groupe poursuivit.

Il montèrent l’escalier qui bifurqua sur la gauche jusqu’à un mur. A cet endroit il n’y avait rien : pas de poignée, pas de loquet, mais en poussant le mur, Snaefried sentit du jeu et un filet d’air. Mais elle entendit des bruits de coups et de scie. Ainsi que des voix.

« Chuuut ! » fit-elle, le doigt sur la bouche. Elle poussa et entrouvrit le mur pour jeter un œil. Le passage donnait sur un corridor avec un escalier en marbre et une rembarde en laiton avec des motifs en forme de feuilles. Il n’y avait personne. Elle fit signe aux autres d’entrer.

Le mur était décoré d’un immense tableau derrière lequel se trouvait un trou de serrure à peine visible. Ce qui frappa la roublarde c’est que ce passage n’était clairement pas ouvrable sans aide de l’intérieur de la maison. Visiblement en repartant il était resté entrouvert mais n’a pas été découvert.

Les rideaux étaient arrachés et le sol maculé de flaques de sang séchés. Des traces de combat, à n’en pas douter. Ils étaient bien dans l’Hôtel Bonnerive.

« Maintenant nous savons comment ils sont entrés et sortis. Et comment ils ont pu mener leur attaque de façon aussi précise. Il faut de sacrées connaissances pour mettre un tel plan au point » dit Annasthea.

« Ou de bons complices » ajouta Lotharo.

Les bruit étaient assez lointains. Ils provenaient d’ouvriers qui devaient réparer les dégâts de l’attaque. Après une fouille sommaire qui ne donna rien, nos amis repartirent par le passage secret.

Une fois de retour au Manoir Gardecimes. Le groupe remarqua que le soir était bien avancé. Il fallait retourner chercher leurs affaires à la planque.

***

De retour dans les égoûts Jamry les attendait.

«  C’est bon cheffe, j’ai eu une réponse. Entrevue ce soir 22h au théatre des coupes gorges . Vous voyez je vous ai pas déçu».

« Il ne valait mieux pas. Mais oui c’est très bien » répondit Snaefried.

Snaefried savait où ça se trouvait, c’était un ancien collecteur abandonné et vidé qui servait de lieu de rencontre entre chefs de la pègre. Il avait l’avantage de communiquer avec de nombreux tunnels et donc de faciliter la fuite.

Martine arriva également avec une lettre pour Anasthea.

Lord Drystan lui écrivit que la femme en rouge s’appelait Dame Asthei. C’est une noble elfe qui a été introduite récemment à la cour par Lord Cornevent.

« Tout le puzzle est en place on dirait » dit Lotharo.

« Pas encore tout à fait. «  fit Annasthea. L’archère arcanique s’assit et prit sa plume pour écrire une réponse.

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