Compte rendu de partie D&D5 : Fragments du Passé - 3

 

Fragments du Passé

Compte-rendu n°3 – partie du 2 mars 2021

 La compagnie du Hibou Argenté : 

•  Annasthéa Serindë, l’archère arcanique cherchant à faire renaître le vieux royaume de la Haute Forêt,   
• Quine Holimion la Prêtresse de Corellon Larethian,
• Lotharo Siannodel, le chantelame en quête de savoir
• Calidor Eaucalme le barbare qui cherche à protéger le monde des lapins garous
• Snaefried Ombreuse, seule non-elfe du groupe, une humaine roublarde des quartiers chauds de Solaun qui suit la compagnie en recherche de richesses.

Les sectataires de l’Aghna Gruul

Le Chef des cultistes s’avança et pointa un doigt vers Calidor et Lotharo en marmonnant une formule magique. « Fuyez !!! » ordonna-t-il. A sa grande surprise son sort échoua : aucun des deux elfes ne bougea.

Calidor était déterminé et déjà bouillonnant de rage, mais Lotharo lui, semblait étrangement calme

« Toi !!!! Tu…Tu n’es pas effrayé par les  noms de l’Aghna Gruul !!!!??? »

« Pourquoi les craindrais-je ? Je les connais déjà. » Fit Lotharo avec un sourire sinistre.

Le barbare se jeta sur le Chuul au nord dans un cri de rage qui ébranla ses adversaires mais la créature semblait solidement armurée et résistante. Lotharo esquissa la danse de l’épée et invoqua le sort de flou avant de foncer sur le Chuul du sud pour le bloquer. La créature le frappa de ses pinces et parvint même à le toucher mais le danselame invoqua un bouclier pour détourner le coup au dernier moment.

Calidor n’eut pas cette chance : il fut pris dans les pinces de la créature et immobilisé. Avant qu’il ne puisse réagir les tentacules faciaux de la chose s’insinuèrent sous son armure suintant un liquide visqueux empoisonné qui immobilisa le barbare. Dans la foulée, complètement anesthésié, il ne put se défendre contre les coups de pinces qui suivirent et qui le blessèrent gravement.

« Laisse le ! » cria Annasthea en tirant sur le Chuul sans succès.

Pendant ce temps les cultistes étaient sortis des fourrés : ils prirent pour cible Annasthea et Snaefried. Les blessant légèrement.

« Tu vas regretter ça le restant de ta vie, c’est-à-dire deux secondes » ragea Snaefried. La voleuse prit son temps pour viser avant de liquider le cultiste.

Le babélien trop lent se traîna à la suite de son maître mais les lapins garous s’avancèrent. L’un  pour tirer sur Snaefried sans succès avec son arbalète de poing, un autre pour blesser Calidor et un autre pour manquer Annasthea.

Le Chef des Cultiste lança un sort d’immobilisation sur Snaefried et Annasthea qui échoua.

« A mon tour » dit Quine qui incanta le même sort contre le chef ennemi et un des lapins garous. Les deux furent pris au dépourvu et immobilisés.

Dans la foulée Snaefried prit le fanatique paralysé pour cible et lui colla un carreau fatal dans la tête. Annasthea blessa gravement le lapin garou mais lui n’était pas mort.

Alors que Quine tentait de maintenir son emprise sur le second changeforme. Elle sentit une vive douleur. Se tournant elle vit que le lapin garou du sud venait de la mordre. Elle sera les dents et maintint sa concentration.

« Non ! » cria Lotharo qui avait vu la scène. Il déchaîna un déluge de coups de lame magique dans un déchaînement de tonnerre sur le Chuul puis esquissa quelques pas pour lui échapper et rejoindre Quine.

La prêtresse n’en avait pas fini puisque un carreau d’arbalète se planta dans son flanc. Rassemblant toute sa volonté, elle continua de maintenir son sort.

Un autre carreau blessa légèrement Snaefried.

« Monumentale erreur » dit la roublarde avant de tirer dans la tête du malheureux.

Calidor se libéra des tentacules et frappa avec acharnement le Chuul.

Le lapin garou échappa à l’emprise de Quine et mordit le barbare qui évita heureusement un sort pire que la mort pour lui…

Lotharo s’acharna sur le lapin garou qui menaçait Quine et le transperça à mort de sa rapière magique.

Calidor fut à nouveau prit dans la pince du Chuul et prit un coup d’épée du rat garou proche. Annasthea blessa le changeforme qui frappait Calidor.

Le Babélien se rapprocha en proférant ses paroles impies. Quine avait déjà mal à la tête. Elle détestait ces choses. Annasthea l’avait transpercé de traits magiques pour le ralentir, mais il menaçait toujours.

« Fais quelques chose. Débarrasse-moi de cette engeance !» Dit-elle à Lotharo

Sans aucune émotion, le danselame se tourna vers la chose.

« Eh bien… Voyons s’il aime cela ». Il prononça la formule et lança sa boule de feu qui explosa entre le lapin garou, le babélien et le Chuul venu du sud. L’impact fut violent, le babélien fut immolé au grand soulagement de Quine, le lapin garou lui se débattait dans les flammes mais Snaefried mit fin à ses souffrances. Le Chuul aussi fut gravement blessé mais il sortit du rideau de flamme pour prendre Lotharo en traître, heureusement ce dernier incanta un bouclier pour éviter son coup de pince.

Calidor continuait de frapper le Chuul au nord mais ce dernier le lui rendait bien. Le lapin garou le mordit à nouveau mais une fois encore Calidor évita le pire.

Le dernier cultiste manqua son tir sur Quine mais Annasthea le liquida d’une flèche bien placée.

Quine incanta un nouveau sortilège d’immobilisation sur le dernier lapin garou qui se figea…mais pas pour longtemps, un carreau de Snaefried l’acheva. Le groupe tâcha ensuite d’aller sauver Calidor. Le barbare échappa à nouveau à l’étreinte de son ennemi et le blessa en donnant des coups de lame rageurs. Les traits d’Annasthea rebondirent sur la carapace de la chose, mais Snaefried prit le temps d’étudier la créature avant de tirer et trouva le défaut de la cuirasse. Le Chuul tituba mais ne tomba pas. L’arme spirituelle de Quine lui donna un coup mais il résista encore.

« Oh et puis zut ! » Ragea Quine. La prêtresse incanta une flamme sacrée que la lourde créature ne put éviter et elle finit par s’effondrer.

Le groupe fouilla les cadavres qui ne recelaient que peu de richesses. En revanche, le fanatique portait un symbole sacré de l’Aghna Gruul : le pendentif de trois triangles irréguliers entremêlés, similaire à celui possédé par Eryn. Il avait également un vieil ouvrage avec une couverture de cuir et un fermoir en bronze. Lotharo prit le tout et le mit dans son sac sans se poser de questions. Cela n’avait pourtant pas échappé à Quine qui fronça les sourcils devant l’attitude étrange de son ami.

 

La Nuit porte conseil

Le groupe poursuivit son chemin et Annasthea proposa de faire halte pour la nuit. La rôdeuse ne parlait que peu, elle ne semblait pas dans son assiette. Elle partit à la chasse avec Calidor et ils revinrent une heure plus tard avec un lapin et des herbes aromatiques.

« Ça vous en a pris du temps. Un peu plus on allait à votre recherche. » Railla Snaefried.

Quine s’efforça de cuisiner un honorable ragoût et y mit une  pincée de sel. Un bon clerc avait toujours du sel sur lui que cela soit pour les sorts…ou pour la cuisine.

Lotharo lui aussi ne parlait pas beaucoup. Il faisait ses katas, mais semblait clairement attendre quelque chose.

Le groupe déjeuna dans le soir tombant devant un feu.

« C’est tout de même plus convivial de profiter de l’air vivifiant de la forêt que la hutte de Léomund. T’en pense quoi Annasthea ? » Dit Quine

« Hmm ? Ah euh oui… D’ailleurs, on va monter qu’une tente avec Calidor, je n’ai pas envie de m’énerver sur la mienne. » Les deux commencèrent à monter leur tente, tandis que Snaefried faisait de même.

Le premier tour de garde échu à Calidor qui n’eut rien de bizarre à remarquer. Il réveilla Snaefried qui prit la suite. Après un autre quart sans histoire, Quine fit son tour de garde. Elle se remémora de bons souvenirs d’enfance dans la forêt et ferma les yeux pour profiter de la quiétude de la nuit.

Puis elle regarda Lotharo qui semblait dormir d’un sommeil agité. Elle aurait juré qu’il parlait tout seul ! La prêtresse eu un sourire triste en le contemplant. Puis lorsque le moment fut venu, elle alla le réveiller.

Le danselame bondit avec empressement pour se mettre  en place sur le tronc renversé qui servait de vigie. On aurait dit qu’il n’attendait que ça. Quine, qui voulait profiter de l’air du soir n’avait pas monté de tente et se blottit dans son sac de couchage pour dormir à la belle étoile.

Lotharo plongea ses yeux dans le feu, son esprit divagua un moment avant d’être réveillé par un flash de sa lame transperçant Quine.

« Quelle idée horrible ! » Se dit-il en secouant la tête.

Puis il leva la tête pour se perdre un moment dans la voûte céleste. Il ferma les yeux quelques instant puis les rouvrit et baissa son regard sur Quine. Elle semblait dormir à profondément. Le danselame se pencha alors et sortit le livre de son sac. Enfin, il allait pouvoir l’étudier.

La lecture s’avéra passionnante. En réalité cet ouvrage était très rare. Un exemplaire religieux de première main : les « 315 versets de l’Aghna Gruul ». A la bibliothèque de Solaun il n’y avait nulle trace de ce type de livre, d’une part car le culte était déjà secret à la base, mais d’autre part car les éventuels ouvrages qui auraient pu transparaître durant le règne de Nerhaum avaient brûlé dans l’autodafé qui avait frappé le culte à la chute du tyran.

Ce livre contenait quelques commandements et des chants liturgiques et toute sortes de préceptes encore cryptiques. Un ouvrage rédigé dans un commun ancien et plein de révélations blasphématoires. La vérité et le pouvoir suprême sans contrainte était promis à ceux qui sauraient ouvrir leurs esprits à l’Aghna Gruul et s’affranchir des contingences du plan matériel et des pitoyables attaches de ce monde, tels que les liens de l’amitié, de la loi et de la famille.

« Eliminer ses attaches… » Répéta Lotharo inconsciemment.

 Mais il y avait aussi des versets qui racontaient l’histoire de l’Aghna Gruul. Au commencement, au-delà de l’espace et du temps, dans les brumes du vide du Royaume Lointain, l’Aghna Gruul flottait dans le vide. Amorphe et sans but. Ils étaient deux. Puis le temps se rappela à eux. L’Eveil eut lieu. La porte s’ouvrit depuis le Prime et ils furent alors trois. Leur conscience fusionna et ne fit alors qu’un… tout en étant trois. Le concept était un peu difficile à cerner mais Lotharo comprit intuitivement. A un moment dans le temps, quelque chose se passa et l’Aghna Gruul se composa de trois entités liées. Ce moment clé actionna leur conscience et ils se mirent à observer au-delà du Royaume Lointain. Et à penser. Fascinant.

« Ce qui était deux devint trois pour ne former qu’un… Ce qui était deux devint trois pour ne former qu’un. » Répéta le danselame. Il balaya le campement d’un regard vide : Quine, la tente où se trouvaient Annasthea et Calidor, celle de Snaefried, le feu….

« Ce qui était deux devint trois pour ne former qu’un. » Dit-il encore en contemplant le ciel étoilé qui semblait l’appeler. Il ferma les yeux et sans même qu’il ne s’en rende compte il les rouvrit et se retrouva sans savoir comment à chuchoter à l’oreille de Quine endormie : « Ce qui était deux devint trois pour ne former qu’un… »

Puis il sortit de sa transe et alla se rassoir. Il poursuivit sa lecture et il en fut tiré avec agacement par le chant des oiseaux. Le matin était là. Il pesta à haute voix ce qui réveilla Quine.

« Salut » Dit la prêtresse

« Salut. Hem. Bien dormi ? » Répondit Lotharo

« Pas très. J’ai fait un affreux cauchemar. Je flottais dans un vide obscur et brumeux, mais je n’étais pas seule. Il y avait une forme menaçante et gigantesque mais on ne voyait pas bien. Bref. »

« Ce n’est qu’un rêve. » Dit Lotharo avec un sourire forcé.

Annasthea, Calidor et Snaefried se levèrent et le groupe prit un petit déjeuner avant de remettre ses armes et armures et de ranger ses affaires.

Alors qu’elle ajustait son armure d’un air pensif, Annasthea fut tirée de sa rêverie par Quine.

« Ça va ? » Dit Quine

« Oui. Oui. » Répondit l’archère arcanique

« Il y a quelque chose dont tu veux qu’on parle ?» Insista la prêtresse.

« Quoi donc ? Non il n’y a rien. » Balaya Annasthea.

Le groupe se remit en marche vers la capitale et aucun incident ne vint troubler le voyage.

 

Solaun

Arrivé en vue de la ville, la Compagnie du Hibou constata que celle-ci était comme ils l’avaient laissé mais un petit hameau de tentes avait poussé devant la porte nord.

En s’approchant de l’entrée, devant laquelle les gardes vaquaient à leurs occupations habituelles, ils constatèrent que les tentes étaient occupées par des réfugiés.

Quine remarqua que Talindra et des représentants d’autres cultes distribuaient des repas aux nécessiteux.

« Dame Quine ! Que je suis heureuse de vous revoir » s’exclama la jeune Initiée.

« Que se passe-t-il ici ? D’où viennent ces gens ? Pourquoi les laisse-t-on ici ?! »

« Ce sont des réfugiés venant de l’ouest de la Haute-Forêt, ils ont été chassés par d’immondes non-morts. Les gardes ont reçu l’ordre de les garder ici, ordre des princes marchands. »

« C’est horrible, je vais en parler à l’Intendant ! Prend cet argent Talindra et achète des vivres et des rations supplémentaires pour ces pauvres gens. » Répondit Quine en tendant une bourse à son assistante.

Puis, elle se tourna vers Snaefried : « Euh pour le temple, je te rembourserai 250 pièces d’or aujourd’hui et l’autre moitié plus tard. Il y a urgence là. Les réfugiés… »

« Pas de soucis, on va s’arranger. » Dit Snaefried avec un sourire trop carnassier pour être honnête.

 

***

 

Le groupe se présenta au palais de l’Intendant et obtint une audience auprès d’Abassar. Le vieil homme semblait toujours faible et toussotant mais il fut néanmoins heureux de les revoir.

« Mes amis, je suis content de vous voir, j’espère que vous avez pu convaincre les elfes. »

« Monseigneur… Je… C’est très important ! Pourquoi les réfugiés chassés de la Haute Forêt ont été parqués hors des murailles ?! C’est injuste ! » Explosa Quine.

« Comment !? Qui a donné cet ordre !? » Demanda Abassar à son assistant.

« Ce sont les princes, c’était à l’ordre du jour de la réunion du conseil de lundi »

« Argh. Je n’y étais pas, j’étais souffrant. » Soupira Abassar catastrophé. « Dites aux princes que j’y met mon veto. En cette matière j’en ai le pouvoir. Et prévenez Drystan qu’il fasse le nécessaire pour que ces gens soient accueillis »

« Merci Monseigneur » Dit Quine reconnaissante.

« Merci à toi de permettre aux espions de l’ennemi d’entrer Dame Quine, vraiment. » persifla Lotharo à son oreille

La clerc ferma les yeux d’agacement mais ne releva pas.

Nos amis apprirent à l’intendant qu’Ambrebois était tombé mais qu’une partie de la population avait pu être sauvée avec l’aide des elfes.

Abassar accusa le coup : « Ambrebois ! Mais c’est déjà très au sud ! L’ennemi est déjà là-bas ? Il faut vraiment que nous fassions alliance avec les elfes. Je vais demander aux princes de prévoir l’affectation de troupes en prévision.» dit-il entre deux quintes de toux.

Les aventuriers firent à l’Intendant un compte-rendu de leur ambassade auprès des elfes. Il fut heureux d’apprendre l’arrivée prochaine d’une délégation elfique.

« Mon secrétaire va prévenir le conseil des Princes. Nous allons mettre en place le protocole  pour la signature d’un traité. Je suis très content de vous Messieurs et Mesdames. Nos services vont prendre le relais désormais. Mais prenez ceci pour exprimer la gratitude de la République ».

Il fit un signe à un page qui apporta 5 bourses remplies de pièces de platine.

« C’est la moindre des choses. De plus, j’entends bien que vous soyez présents  au bal qui sera donné en mon palais en l’honneur de nos invités. »

« Savez-vous que le sang de la lignée royale n’est pas éteint ? » déclara abruptement Lotharo.

La conversation devint soudain plus sérieuse. Abassar fronça les sourcils. Après un moment de silence, il répondit :

 « Je ne l’ignore pas. C’est moi qui ai épargné la mère de cette enfant car je considère qu’être la fille d’un tyran ne fait pas de vous un être mauvais. Si vous m’en parlez j’en déduis qu’elle n’est pas morte comme le dit la version officielle»

« Ce qui était deux devint trois pour ne former qu’un. » récita Lotharo.

« Pardon !!?? » s’exclama l’intendant.

« Nous avons eu maille à partir avec l’Aghna Gruul, récemment. » dit simplement le magelame.

« A votre place je me tiendrai éloigné de ce savoir impie » dit Abassar d’un ton glacial en fixant Lotharo.

Le danselame soutint son regard puis soupira : « Bien, alors je vais prendre congés. »

Il se tourna pour partir mais Quine le retint par le bras.

« Je le dit pour votre propre bien sachez-le. Beaucoup de gens se sont aventurés sur ce chemin. Il n’en est jamais rien sorti de bon. » Ajouta l’Intendant.

Sans se retourner et sans dire un mot, Lotharo quitta la salle du trône.

Les autres prirent congé poliment d’Abassar.

De retour au Hibou Argenté, Snaefried prit des nouvelles de ses affaires qui se portaient visiblement bien.

Le groupe prit alors un repos bien mérité.